mardi 5 juillet 2011

Journal de bord 4 juillet

Jour 12. Beaver Creek - Site à 10 km au nord de Burwash Landing
145 km. 411 m de gain d'élévation.

La journée débute avec un petit déjeuner au restaurant de Beaver Creek. Alors que je suis attablé, un autre cycliste entre pour déjeuner et vient s'assoir à ma table. Je l'ai aperçu la veille avec son vélo qui tire un "bob", qui est une remorque que certains cyclotouristes utilisent au lieu (et parfois, en plus!) de sacoches accrochées aux portes-bagages arrières et avants. Et là, je passe un 15 minutes pénible, pendant lesquelles il me conte tous ses exploits à vélo, comme de quoi il roule facilement 200 à 300 km par jour, qu'il parcourt la côte ouest en aventurier, qu'il s'entraine pour un ultra-marathon qu'il fera chez lui en Australie (d'ailleurs, tout ce qu'il fait est ultra quelque chose). Bref, c'est de toute évidence un surhomme et je ne peux qu'être privilégié de l'avoir à ma table. Finalement, on parle de nos plans de la journée et je lui dit que j'ai l'intention de me rendre à Haines Junction (300km) en deux jours. Lui m'annonce qu'il veut y être ce soir. Devant mon étonnement, il me répond: "j'ai entendu dire que la route est en mauvais état, donc je vais faire de l'auto-stop pour m'y rendre." Pfff. Poseur.















Planes, Trains and Automobiles
J'embarque donc sur la route et celle-ci est en mauvais état. Les travaux de construction, qui consistent à renouveler le macadam, ont rendu la chaussée dans un état déplorable. Pour chaque km de macadam intact, il y a un km de route de gravier. Heureusement, les parties en gravier sont quand même bien entretenues en attendant l'équipe qui viendra refaire la surface de roulement en aout.
Sauf que certaines sections sont en train d'être
travaillées aujourd'hui et la circulation ne passe qu'a une seule voie. Pour de raisons de sécurité, je dois franchir ces sections dans une camionnette, avec mon vélo à l'arrière. J'ai droit à ce petit luxe 2 fois dans la journée et j'allonge donc ma distance de 20km. J'ai donc parcouru un total de 165km aujourd'hui, dont 145 en selle.
Après avoir transporté mon vélo en avion jusqu'à Anchorage, en train de Denali à Fairbanks, j'ai maintenant utilisé un véhicule et je peux citer ce grand classique du cinéma.










Un peu plus tard, je rencontre une italienne qui arrive de la Patagonie d'où elle est partie six mois plus tôt! Elle est sur un vélo de montagne et elle traine un bob. Elle-même doit peser 100 lbs au plus. Elle a traversé les rocheuses canadiennes par le parc national des Glacier pendant une tempête de neige. Elle me dit nonchalamment que rendue à Fairbanks, elle a l'intention de faire le Dalton Highway jusqu'à Prudhoe Bay, une des routes les plus inhospitalières en Alaska, 500km de pas de plaisir pantoute. Elle a toute mon admiration. Mon p'tit trip à Calgary à pas l'air de grand chose à côté de ça.





La très mal nommée "White River"

Pour le lunch, j'arrête au seul endroit ouvert de toute la journée. Un petit resto attenant à un parc de motorisés. Il est écrit "crêperie" en grosse lettres à l'extérieur. La place est tenue par des français qui ont poussé au max l'idée de la cabane au Canada. Entéka, ma crêpe farcie est délicieuse et sûrement mon meilleur repas à date.















Plus tard, je commence à apercevoir les monts St-Elias, dont fait partie le mont Logan, plus haut sommet du Canada. Arrivé à une halte routière, je prend cette photo du mont Logan au loin.




J'ai vraiment une chance exceptionnelle, car il est très rare que le sommet soit dégagé.

Pendant que je prend cette photo, il y a un gros motorisé dans le stationnement avec les portes fermées et les rideaux tirés. J'entends un bruit de moteur électrique sans pouvoir identifier la source. Je m'éloigne et je comprend:





Le bruit vient de l'antenne satellite sur le toit. Ils sont stationnés au Yukon, une journée claire, devant le mont Logan et les plus beau paysages qui soient et ils regardent la télé. Pathétique.





Le mont Logan, tout au loin, au centre de la photo.

Tout au long de la journée, il fait très beau. La route est valloneuse, jamais plate, mais rarement de pentes abruptes. Sauf que depuis midi, un fort vent de face s'est levé. Malgré tout mon bon vouloir, je progresse lentement et le vent me scie les jambes à petit feu. Rendu à 115km, j'ai l'énergie à zéro, mais je suis nulle part. Je vois une pancarte qui annonce Burwash Landing à 40km. Je ne crois que j'aie encore 40km dans les jambes. Je roule encore un peu, et après avoir rempli les bouteilles d'eau dans un ruisseau, je m'arrête dans une halte routière pour faire à souper. Le chili lyophilisé est surprenant et délicieux. Une barre mars complète le tout et je me sens d'attaque pour les 35 km qui restent. Je quitte l'halte routière, je tourne sur la route et une bourrasque m'accueille de plein fouet. Prrrrrt. Ouain, ça ira pas fort.










Je réussi quand même à faire un peu de distance et finalement, à 10 km du but, j'aperçois un dépôt de pierres du ministère des transport. Endroit idéal pour camper. À 19h30, ma journée est finie et je n'ai plus de jambes. Au moins, j'ai pas besoin de souper. Monte la tente, accroche la bouffe, blogue (sans connexion internet, je ne sais pas quand je vais le publier) et dodo.

Première journée en 9 jours sans une seule goutte de pluie. Espérons que la nuit sera aussi favorable. Le ciel est dégagé. Il est 22h et il fait encore très clair comme en plein après-midi.





4 commentaires:

  1. Ok finalement on te croit que le vélo ne fait pas la route tout seul... il n'aurait pu prendre tout seul une aussi belle série de photos ;-)
    Je te souhaite une autre journée sans pluie ...et d'autres italiennes!

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  2. En espérant d'autres belles journées ensoleillées...c'est bon pour le moral!

    Les photos sont superbes.

    Je me demandais...As-tu eu l'occasion de voir des aurores boréales?

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  3. Promets-moi que tu ne riras pas... J'ai fait 10 km à pied aujourd'hui, je me suis tapé l'Île aux Grues à pied (plein soleil, presque pas d'ombre, 28 degrés), et je suis brûlée. J'ai pensé à toi je sais pas combien de fois, et moi et Ghyslain on s'est dit que jamais on ferait ce que tu fais tout seul! Au moins à deux, t'as quelqu'un à qui parler, à qui dire des niaiseries quand ton cerveau et tes jambes sont dada.

    Bravo, ne lâche pas, plus que quelques milliers de kilomètres. :-)

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  4. Vraiment superbe de te suivre dans ton périple et très bon guide! Faudra que tu donnes le nom du bouquin avec toute les descriptions des endroits que tu nous montre en photos. ;)

    Sérieusement, profites bien de chaque moment et continue le blogue. C'est un petit moment de quiétude à chaque matin!

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