vendredi 8 juillet 2011

A first post to my travel blog in English

It's been brought to my attention that some of the readers (or would-be readers) of this blog would like it if I occasionally posted something in English.

Since I'm taking a day off riding today, I figured I'd write an summary of what I've done so far.

So, as some of you may know, I'm currently riding my bicycle accross the northwest of the North American continent. I'm riding from Anchorage in Alaska to Calgary in Alberta. My plan will take me through one US state and three Canadian provinces. A link at the top of the page highlights my planned itinerary.

It's been a little over two weeks since I've left Montreal for Anchorage and I've ridden 1660km so far, with 15 days in the saddle.

So far, the first week was spend riding from Anchorage to Fairbanks. During the second day, I climbed a lot on the Glenn Highway, between Chickaloon and Eureka. Most other days, there has been a lot of climbing, but generally, nothing more than 500m of climbing on a single day, although there have a few more days with more than 1000m of climbing. On the first few days, the weather was fine, but once I started riding the Denali Highway, a 134 miles stretch of road that includes 110 of dirt road, the weather turned ugly. Wind picked up and it started to rain. The temperature also went down to as little as 5 degrees Celsius in the morning. That stretch of road wasn't a great deal of fun after all, although the scenery was quite amazing when the sky was clear. I ran into another very nice cyclist, Matt from Anchorage.

I also went through Denali National Park, but since the weather wasn't clear, I did not even attempt to ride to see Mount McKinley (highest summit in North America). Instead, I cheated a little bit and rode the passenger train from Denali Park to Fairbanks. From there, I started riding towards the Canadian border, which I crossed a few days later. That stretch of road was cold and rainy, but I managed to cover a lot of distance during these few days.

Since I entered Canada, the weather has improved a bit, but there's been rain on and off, but mostly headwind. I passed the St.Elias mountains, where Mount Logan is located. Mount Logan is the highest summit in Canada. I also rode along Lake Kluane for over 60km. I've made decent progress and today, July 8, is a day of rest in Whitehorse, the capital of the Yukon.

I ride anywhere between 50km and 175km each day, averaging 100km. The distance depends on things like wind, hills and the location of services. Sometimes, there can be more than 150km between any kind or service. I try to camp whenever possible, but I do spend many nights in motels, where I can sleep comfortably and shower. But I have also had some great nights of camping, especially when I was able to camp out in the wild, when I just ride off the road and set the tent wherever.

A lot of people are concerned about bears, but they haven't been a problem so far. I take the usual precautions (cook away from camp, don't store food in the camp, hang the food in trees, camp away from streams where salmon may be spawning, etc). I'm actually a lot more scared of drivers than I am of bears. Most drivers are very nice and will move to the left lane to pass me (for my Aussie friends, that would be the equivalent of moving to the right lane to pass me), but others don't even bother moving, even if the road is straight and they can see miles in advance. I've seen rearview mirrors from very close. In other cases, drivers don't even slow down on dirt road and I get pelted with loose gravel. So bears, no problem. Bad drivers, yes, a real problem.

Travelling by myself, I've met a lot of interesting characters along the way. Touring cyclists will always stop and chat for a few minutes. Drivers always ask the same questions at rest stops.
- Aren't you concerned about bears? No, I'm concerned about people driving big RV's. Uncomfortable silence...
- Have you ever done something like this before? Of course not, if I had, I'd be doing something else.
- Are you bringing some patches to repair flat tires? Duh.
- I can't even ride 10km on my bike. How do you do this? You start with 10km and then continue.

So far, it's been an amazing trip. I still have between 2500 and 3000km to go. Next week, I will be entering British Colombia and from there, I will ride through Prince George and eventually travel the Icefield Parkway, between Jasper and Banff.

I've taken a lot of photos, but so far, I've only been able to upload to this blog photos I've taken with my iphone. Once I get access to a real computer with a USB port, I will be able to upload better photos to this blog. I'm trying to save bandwidth, so I won't upload photos to this post again, but feel free to check other posts for great photos. Google translate also does a pretty decent job of translating my posts in French.

Take care my friends. I will try and do another post in English eventually.

Journal de bord, 7 juillet

Jour 15 . Dans un pâturage - Whitehorse
50 Km. 203m de gain d'élévation.

Réveil très tôt ce matin, mais il fait très froid. Je décide de faire la grasse matinée. Il n'a pas plu et seulement un peu de condensation recouvre l'intérieur de la tente. Je m'enfonce dans mon sac de couchage et paresse encore une ou deux heures.
Je décide de me lever lorsque j'entends au loin des hurlements de loups, bien que ça aurait pu être des coyotes. Je n'ai jamais vu de loups dans la nature et je me dit qu'aujourd'hui sera peut-être ma journée chanceuse. Les attaques de loups contre des humains sont cent fois plus rarissimes que celle commises par des ours. Je ne suis pas vraiment inquiet. De façon générale, les loups ont bien plus peur des hommes que le contraire devrait être.
Mais bon, chou blanc. Aucun carnivore à l'horizon. Je continue d'entendre leurs cris pendant que je déjeune et complète ma routine du matin. Un aigle (chauve, doré, royal?) survole aussi mon campement en poussant de grand cris, probablement en train de saliver à la vue de tous ces chiens de prairie. À moins que ce ne soit le grand bipède boudiné dans du lycra. On ne le saura jamais, je prend la route vers 8h.

Malgré qu'il est tôt, je constate qu'il y a un bon volume de trafic, qui ira en augmentant à mesure que m'approche de Whitehorse. Il y a des travaux de construction sur environ 20 km. À certains endroits, le pavage est intact, à d'autres, de l'équipement est en train de l'arracher et pour cette section, j'ai droit à une promenade de 3km en camionnette. Mais à d'autres endroits, de grandes sections ont été travaillées par l'équipement mais n'ont pas été repavées encore. Pas de camionnette. Comme il n'a pas plu de façon importante depuis quelques jours, le gravier est très sec et le passage des véhicules soulève de grands nuages de poussière qui prennent beaucoup de temps à retomber à cause de l'absence de vent. Ces sections (4, de 1 km chacune environ) sont pénibles à traverser. Je prend une note mentale de me procurer un bandeau pour me couvrir le visage rendu en ville. Le trafic est très intense et peu de véhicules ralentissent près de moi. Je les remercie de mon meilleur salut du majeur. Quand j'arrive à la fin de la zone de travaux, je suis couvert de poussière. Je me trouve un ruisseau pour faire une toilette élémentaire et m'attaque aux derniers 20 km.

L'approche vers Whitehorse est une démonstration du pire kitsch. À tous les 250m, une pancarte annonce les restaurants, commerces et autres services disponibles en ville. Ce manège se poursuit ainsi pendant une dizaine de kilomètres. Le combat entre la chambre de commerce locale et la beauté des paysages.

J'arrive enfin à Whitehorse. Le premier quartier que je traverse est celui des centres rachats et j'ai aussitôt la preuve que j'ai atteint une civilisation évoluée:




Petit arrêt à une boutique de vélo où j'achète un pneu de rechange, une chambre à air et de l'huile pour ma chaine. Même le mécanicien ne peut m'expliquer l'explosion de ma chambre à air en Alaska. Mais je ne veux plus prendre de chance, je vais trainer un pneu de rechange.

Au Yukon, on traite les cyclistes hivernaux de stupides. Mario Dumont pourrait se lancer en politique ici.




Je continu jusqu'à mon hôtel que j'avais réservé quelques jours plus tôt. Finalement, c'est un hôtel assez chic et quand je me présente à la réception, encore poussiéreux dans mon beau lycra seyant, j'ai droit à un accueil plutôt frisquet. Mais ma réservation est là et ma carte American Express semble finir de me dépoussiérer aux yeux des employés. Finalement, comme j'arrive tôt, ma chambre n'est pas prête. Mais on me dit qu'une chambre de luxe est disponible et qu'on va me la donner, si j'ai pas d'objection. Non, pas vraiment. Par contre, on me suggère très fortement de ne pas monter mon vélo à la chambre, ils se feront un plaisir de l'entreposer pour moi.
Hi hi. La chambre est immense,lit king, écran télé plat. J'ai même un grand bain tourbillon 3 places dans la chambre. J'ai une vague pensée pour mes deux français de la veille. Si je les rencontre, je vais leur offrir de dormir dans le bain tourbillon, il va même rester de la place.
Je passe le reste de la journée à explorer la ville et à renouveler certaines provisions et matériel. Aujourd'hui, (le 8 juillet), je vais aller au bureau de poste pour envoyer un paquet à la maison contenant de l'équipement dont je ne sers pas. Un autre paquet va contenir de la nourriture que je vais m'envoyer en poste restante à un bureau de poste situé environ à 700km d'ici. Il n'y aura pas beaucoup de services disponibles pour les prochains 1000 km. Je dois donc planifier la logistique de façon plus serrée.

En passant, à force de discuter avec d'autres cyclistes rencontrés sur la route et sur Internet (merci Erick L), j'ai décidé de modifier ma route de façon significative. À partir de Watson Lake, au Yukon, je vais bifurquer vers le sud. Je quitte donc le Alaska Highway pour plutôt prendre le Steward-Casiar Highway en Colombie-Britannique vers le sud pour aller rejoindre le Yellowhead Highway et ensuite poursuivre vers Prince George et finalement, reprendre ma route initiale. Il semblerait que la route soit beaucoup plus belle et qu'il y ait moins de trafic. Par contre, il y a beaucoup moins de services et la route n'a pas d'accotement. Désolé Zaz, tu vas voir d'autres photos de montagnes et de glaciers. Mais il parait qu'il y a aussi plus d'ours. Hier au bureau d'information touristique, on m'a conseillé de faire attention aux rivières car le saumon commence à frayer dans les prochains jours et les ours seront aux aguets près des rivières.

Au programme aujourd'hui, à part la poste: pas grand chose. Peut-être un musée, un peu de randonnée et si j'ai un retour d'appel, un massage.

Whitehorse est une jolie ville avec tous les services. Comme la plupart de villes en région éloignée, les bâtiments sont plutôt laids, à part au centre-ville mais les paysages sont très beaux. La ville est un long ruban, coincé entre une falaise et la rivière Yukon, qui remonte vers le nord en direction de Dawson City.




















Message à Stephane: qui a dit que c'était juste les gars qui avaient des coupes Longueuil?

Message à ma petite sœur: Geneviève, je ne pense pas que tu sois revenue de vacances, mais si jamais tu lis ce blogue, je te souhaite une bonne fête, une journée d'avance. Profites-en bien. Gros calins.

jeudi 7 juillet 2011

Journal de bord, 6 juillet

Jour 14. Haines Junction - 60 km de Whitehorse
106km. 223m de gain d'élévation.

Je me lève tôt ce matin et pendant que je prépare mon équipement sur mon vélo, un homme avec qui j'avais jasé la veille est aussi à ses préparatifs. Lui est en moto et est en train de préparer ses bagages. Il me dit que sont premier arrêt est à l'aéroport de Haines Junction pour un vol panoramique au dessus des glaciers. J'avais vu la veille ces vols annoncés, mais le dépliant indiquait un minimum de 2 passagers. Je ne fais ni un ni deux et m'offre pour me joindre à lui, de façon à ce que nous soyons les 2 passagers nécessaires.
Nous nous donnons rendez-vous à l'aéroport à 8h et je vais déjeuner. On m'avait dit que l'aéroport est à 3 km de la ville. Je déjeune et quitte le restaurant vers 7h55. Comme prévu, la route de l'aéroport est à 3km. Sauf que l'aéroport lui-même est 1.5km plus loin, au bout dune route de gravier en mauvais état. Pédale comme un malade et arrive finalement à 8h10. Bon, paye, signe les papiers, consignes de sécurité et on embarque:





L'avion est un six places, mais on n'y sera que trois, incluant notre pilote néo-zélandais. On a droit à un vol de 45 minutes pendant lesquelles on survole la route que j'ai parcouru la veille, puis on longe des montagnes enneigées, parfois de très proche et finalement, on arrive au glacier.
Le glacier est une longue coulée de glace de plusieurs dizaines de kilomètres qui sont en fait 4 glaciers qui se fondent en un seul. On voit même au loin le mont Logan. Rendu en haut du glacier, on arrive au champ de glace et le pilote tourne l'avion.
Au retour, le pilote vole très bas en survolant le glacier d'au plus quelques centaines de mètres. Comme je suis assis seul à l'arrière, je peux admirer la vue des deux côtés de l'avion.
Finalement, on quitte la vallée glaciaire et on retourne se poser. J'ai sûrement pris quelques centaines de photos, mais avec mon appareil photo (plutôt qu'avec mon iPhone). Je ne pourrai donc pas les publier tant que je n'aurai pas accès à un ordinateur avec un port USB.

En tout cas, ma journée est déjà faite. Une activité spontanée, avec de tels paysages. En plus, le temps a été dégagé toute la durée du vol.

Je prend la route vers 10h. Heureusement que j'avais déjà décidé de me rendre à Whitehorse en 2 jours. Je m'acquitte de mes premiers 30 km jusqu'à ce j'arrête à un petit resto pour prendre une soupe. En sortant, je vois arriver les 2 français de la veille. Je n'ai pas le courage de leur parler de mon tour d'avion, connaissant leurs contraintes budgétaires.




Le reste de la route est sans histoire, et sans paysage d'ailleurs. La route est légèrement valloneuse avec des montées et des descentes modestes. À un certain moment, je vois à l'horizon qu'il pleut et que le tout s'en vient vers moi. Comme la pluie à l'air très forte, je sors l'artillerie lourde: manteau, couvre-chaussures, couvre-casque, gants de néoprène, etc.
Comme prévu, il tombe des cordes, mais au bout de 2 km, la pluie arrête et 1 km plus loin, le soleil sort en grande. Me voilà en train de grimper une côte au soleil dans mon sauna portatif. Grrr. Le manège se répète quelques fois au cours de la journée. Autrement, le vent change constamment de direction et me pousse parfois et me freine parfois.




Le drame de l'étalement urbain, la banlieue montréalaise qui s'étend jusqu'au Yukon.


Arrivé autour de 100km, je commence à chercher un endroit pour camper. Je sais déjà que ce sera du camping sauvage ce soir. Depuis déjà 15km, je traverse une région qui a été victime d'un énorme feu de forêt dans les années 50. Au Yukon, la nature prend beaucoup de temps à se régénérer et de grandes parties de la forêt n'ont toujours pas repoussé.
Finalement, je vois un petit chemin qui s'éloigne de la route et en le suivant, je constate qu'il mène à un grand pâturage où, à voir les souvenirs qui jonchent le sol, des bisons broutent fréquemment. J'ai trouvé mon campement pour la nuit:




Après avoir monté mon camp et soupé, je décide de faire le tour du propriétaire. Aucun bison en vue, mais beaucoup de chiens de prairie.










La prairie s'étend sur plusieurs arpents (parlons agricole un peu), et je me rend jusqu'à ce qui semble initialement un gros fossé mais qui est finalement une superbe rivière:




Il s'agit, je crois, de la rivière Takhini.
En marchant dans le pré, je dois surtout faire attention aux nombreux trous creusés par les chiens de prairies.
De retour à mon campement, il fait très beau et il y a juste assez de vent pour chasser les moustiques. Une soirée idéale pour rédiger son journal à l'extérieur.




Si il faisait pas clair tout le temps, je me ferais même un feu de camp. Je sens que la nuit va être glaciale, mais on ne dirait pas qu'il va pleuvoir.

Demain, il me reste environ 60km pour arriver à Whitehorse. L'hôtel est déjà réservé et je me promet une première journée de congé pour le 8 juillet.

Réponse à Anne: non, les aurores boréales, on peut juste les voir en hiver, car il faut qu'il fasse froid, mais aussi qu'il fasse noir, ce qui n'est jamais le cas.

mercredi 6 juillet 2011

Journal de bord 5 juillet

Jour 13. Burwash Landing - Haines Junction
130km. 501m de gain d'élévation.

Ce matin, levé tôt. Il n'a pas plu de la nuit, je vais donc paqueter une tente sèche pour la première fois. Je sort de la tente et admire la vue à l'ouest de mon campement:




Petite bouchée et je prend la route. Il fait beau, mais l'air est glacial. Je n'ai pas de thermomètre, mais se suppose qu'il fait moins de 5 degrés. De plus, la vent de la veille est toujours là. Si Jocelyne était là, elle pourrait me donner la température avec le facteur exagérex.
10 km plus loin, j'arrive au joli village de Burwash Landing. Un petit déjeuner au resto local où on m'apprend que c'est pas une bonne idée d'avoir un téléphone "intelligent" de Telus par ici, parce qu'ils ne fonctionnent pas sur le réseau Telus!!! Seulement à Whitehorse apparemment. Heureusement que mon iPhone se branche facilement sur les réseaux wifi qui sont presque toujours disponibles dans les restos un peu partout.

Je reprend ensuite la route et le programme des festivités m'est annoncé illico sur ce panneau:




Finalement, ce sera beaucoup moins pire. Quelques travaux ici et là. Pas loin après Burwash Landing, un panneau annonce le village de Destruction Bay:





Vous savez que vous êtes rendu creux quand les services disponibles annoncés incluent l'électricité!
D'ailleurs, à Destruction Bay, on ne lésine pas avec les budgets pour faire respecter les limites de vitesse:




Au cours des prochains 60km, je longe l'immense lac Kluane, avec le lac à ma gauche et les montagnes à ma droite:
























Sauf que c'est bien beau suivre un lac immense, mais ça aide pas beaucoup pour le vent. Toute la journée, j'ai un vent de face entre 25 et 35 km/h. Le seul moment où j'ai un répit du vent, c'est en montant une côte, car la colline me protège. Des que j'arrive en haut de la côte, le vent me fouette en pleine face. J'en viens à avoir hâte de monter les côtes. À un certain moment, le vent est tellement fort que je dois pousser sur les pédales pour conserver ma vitesse en descendant une côte. Le vent soufflera finalement presque toute la journée, mais malgré le ciel menaçant, il ne pleuvra pas de la journée.

Petite note à Pierre Marc et Sylvie (et d'autres peut-être). Ici, toutes les motos saluent systématiquement les vélos. On voit 2 sortes de motos ici. Le modèle "expédition de brousse", genre BMW, avec les boites pour les bagages. L'autre modèle est le Harley conduit par un poilu pas de casque avec un grand sourire édenté. J'ai pas vu une seule moto sport ni une seule moto touring. La joke plate la plus souvent entendue: "You need to get an engine for your bike". zzzz.

Arrivé au bout du lac, j'arrête au centre d'accueil du parc National de Kluane. Pas grand chose, j'apprend que les chèvres de montagne sont toutes sur l'autre versant de la montagne. C'est drôle, il y a deux employées, une fille de Calgary et une autre de Montréal, parce sur le comptoir, il y a un écriteau "English/Français". La fille de Montréal vient juste d'arriver et baragouine à peine l'anglais. L'été va être long. Dernier regard vers le lac et je commence la longue ascension du col qui va m'amener dans l'autre vallée.









Le ruisseau "Christmas Creek". J'ai trouve que les coeurs ambiantes étaient appropriées:




Je poursuit ensuite sur un plateau (venteux...) et les paysages continuent d'être époustouflants (je vais manquer de synonymes bientôt).




















Finalement, à 22 km du but, je m'arrête pour manger un petit paquet de M&M (c'est mon treat rituel de fin de journée) et là, j'ai droit à mon bonbon de la journée (la pognez-vous?). La route descend pour les 20 prochains km. Je perd environ 600m pendant cette descente qui dure sans fin. Quelle belle fin de journée!
Rendu près du but, je rattrape 2 cyclistes français qui sont partis aussi de Anchorage. Eux seront sur la route pendant 18 mois et ils se rendent sur la terre de feu. Ils ont un budget de 14000€ pour vivre pendant 18 mois. Ils ne dorment que dans le bois et dépensent le strict minimum dans les villes. Jamais de resto. J'ai presque honte de leur dire que je me cherche un motel un soir sur deux. J'ai dit presque. Je suis en vacances, pas en mission.
De toute façon, mon budget pour 6-8 semaines de vélo est le même que pour 2 semaines en Europe.

En descendant la côte, j'aperçois un ourson qui traverse la route. J'ai pas envie de faire connaissance avec la maman, donc pas de photo et je me pousse au plus vite.

Haines Junction
Lorsque j'arrive à Haines Junction, pris par la culpabilité de savoir que mes compères cyclistes endurent la grosse misère, je me dirige vers le motel qui me semble le moins cher en ville, le Kluane Park Inn. Une fois installé, je me rend compte que la plupart des résidents sont ici à long terme. Le motel pourrait très bien s'appeler le "Douchebag and Whitetrash motel". Jamais vu autant de tatouages cheaps et de peircings. La grosse classe. On se croirait à Occupation Double, mais sans le raffinement.

Une petite marche pour trouver un resto me confirme que la coupe Longueuil est bien vivante à Haines Junction. Une fille bizarre avec un poignard à la ceinture m'aborde au resto avec des histoires de premier ministre du Yukon qui serait impliqué dans du trafic de drogues et de meurtre d'amérindiens. Elle a même des preuves qu'elle m'invite à aller voir chez elle. Euh, non merci, j'ai un sanglier sur le feu.

Ouain, mettons qu'on restera pas longtemps à Haines Junction. Au moins, j'ai une belle vue du balcon de ma chambre.




Entéka, si vous cherchez des weirdos cet été, cherchez pas, ils sont tous ici.

Whitehorse est à 160km et je vais prendre ça relax et y aller en 2 jours au lieu de pousser comme un malade. J'ai prévu une journée de congé à Whitehorse.

Merci MG pour la mise à jour.

mardi 5 juillet 2011

Journal de bord 4 juillet

Jour 12. Beaver Creek - Site à 10 km au nord de Burwash Landing
145 km. 411 m de gain d'élévation.

La journée débute avec un petit déjeuner au restaurant de Beaver Creek. Alors que je suis attablé, un autre cycliste entre pour déjeuner et vient s'assoir à ma table. Je l'ai aperçu la veille avec son vélo qui tire un "bob", qui est une remorque que certains cyclotouristes utilisent au lieu (et parfois, en plus!) de sacoches accrochées aux portes-bagages arrières et avants. Et là, je passe un 15 minutes pénible, pendant lesquelles il me conte tous ses exploits à vélo, comme de quoi il roule facilement 200 à 300 km par jour, qu'il parcourt la côte ouest en aventurier, qu'il s'entraine pour un ultra-marathon qu'il fera chez lui en Australie (d'ailleurs, tout ce qu'il fait est ultra quelque chose). Bref, c'est de toute évidence un surhomme et je ne peux qu'être privilégié de l'avoir à ma table. Finalement, on parle de nos plans de la journée et je lui dit que j'ai l'intention de me rendre à Haines Junction (300km) en deux jours. Lui m'annonce qu'il veut y être ce soir. Devant mon étonnement, il me répond: "j'ai entendu dire que la route est en mauvais état, donc je vais faire de l'auto-stop pour m'y rendre." Pfff. Poseur.















Planes, Trains and Automobiles
J'embarque donc sur la route et celle-ci est en mauvais état. Les travaux de construction, qui consistent à renouveler le macadam, ont rendu la chaussée dans un état déplorable. Pour chaque km de macadam intact, il y a un km de route de gravier. Heureusement, les parties en gravier sont quand même bien entretenues en attendant l'équipe qui viendra refaire la surface de roulement en aout.
Sauf que certaines sections sont en train d'être
travaillées aujourd'hui et la circulation ne passe qu'a une seule voie. Pour de raisons de sécurité, je dois franchir ces sections dans une camionnette, avec mon vélo à l'arrière. J'ai droit à ce petit luxe 2 fois dans la journée et j'allonge donc ma distance de 20km. J'ai donc parcouru un total de 165km aujourd'hui, dont 145 en selle.
Après avoir transporté mon vélo en avion jusqu'à Anchorage, en train de Denali à Fairbanks, j'ai maintenant utilisé un véhicule et je peux citer ce grand classique du cinéma.










Un peu plus tard, je rencontre une italienne qui arrive de la Patagonie d'où elle est partie six mois plus tôt! Elle est sur un vélo de montagne et elle traine un bob. Elle-même doit peser 100 lbs au plus. Elle a traversé les rocheuses canadiennes par le parc national des Glacier pendant une tempête de neige. Elle me dit nonchalamment que rendue à Fairbanks, elle a l'intention de faire le Dalton Highway jusqu'à Prudhoe Bay, une des routes les plus inhospitalières en Alaska, 500km de pas de plaisir pantoute. Elle a toute mon admiration. Mon p'tit trip à Calgary à pas l'air de grand chose à côté de ça.





La très mal nommée "White River"

Pour le lunch, j'arrête au seul endroit ouvert de toute la journée. Un petit resto attenant à un parc de motorisés. Il est écrit "crêperie" en grosse lettres à l'extérieur. La place est tenue par des français qui ont poussé au max l'idée de la cabane au Canada. Entéka, ma crêpe farcie est délicieuse et sûrement mon meilleur repas à date.















Plus tard, je commence à apercevoir les monts St-Elias, dont fait partie le mont Logan, plus haut sommet du Canada. Arrivé à une halte routière, je prend cette photo du mont Logan au loin.




J'ai vraiment une chance exceptionnelle, car il est très rare que le sommet soit dégagé.

Pendant que je prend cette photo, il y a un gros motorisé dans le stationnement avec les portes fermées et les rideaux tirés. J'entends un bruit de moteur électrique sans pouvoir identifier la source. Je m'éloigne et je comprend:





Le bruit vient de l'antenne satellite sur le toit. Ils sont stationnés au Yukon, une journée claire, devant le mont Logan et les plus beau paysages qui soient et ils regardent la télé. Pathétique.





Le mont Logan, tout au loin, au centre de la photo.

Tout au long de la journée, il fait très beau. La route est valloneuse, jamais plate, mais rarement de pentes abruptes. Sauf que depuis midi, un fort vent de face s'est levé. Malgré tout mon bon vouloir, je progresse lentement et le vent me scie les jambes à petit feu. Rendu à 115km, j'ai l'énergie à zéro, mais je suis nulle part. Je vois une pancarte qui annonce Burwash Landing à 40km. Je ne crois que j'aie encore 40km dans les jambes. Je roule encore un peu, et après avoir rempli les bouteilles d'eau dans un ruisseau, je m'arrête dans une halte routière pour faire à souper. Le chili lyophilisé est surprenant et délicieux. Une barre mars complète le tout et je me sens d'attaque pour les 35 km qui restent. Je quitte l'halte routière, je tourne sur la route et une bourrasque m'accueille de plein fouet. Prrrrrt. Ouain, ça ira pas fort.










Je réussi quand même à faire un peu de distance et finalement, à 10 km du but, j'aperçois un dépôt de pierres du ministère des transport. Endroit idéal pour camper. À 19h30, ma journée est finie et je n'ai plus de jambes. Au moins, j'ai pas besoin de souper. Monte la tente, accroche la bouffe, blogue (sans connexion internet, je ne sais pas quand je vais le publier) et dodo.

Première journée en 9 jours sans une seule goutte de pluie. Espérons que la nuit sera aussi favorable. Le ciel est dégagé. Il est 22h et il fait encore très clair comme en plein après-midi.





dimanche 3 juillet 2011

Journal de bord. 3 juillet

Jour 11. Deadman Lake - Beaver Creek
78km. 556m de gain d'élévation.

Remerciements
Je commence avec des petits remerciements à tous ceux qui ont commenté sur ce blogue. J'aime vous lire au moins autant que j'espère vous aimez me lire. Donc merci à (dans le désordre) Robert S. Jean (A?), Anne C. Sarah G. Joël S. Sylvie D. Pierre et Paule, Patrick P. MG, Claudine C. Martine M. Roger C. Johanne V. Daniel O'. Florence K. PMC, LCG, Sophie T. et anonymous.
Anne: premier prix d'assiduité!
MG: Peux-tu me faire un bref sommaire exécutif du TDF, les connections internet sont quand même rares et j'ai pas le temps de tout lire. Merci d'avance.

Aujourd'hui
J'espérais bien une nuit sans pluie, mais non. Un orage (du tonnerre?) se déclenche au milieu de la nuit et là, ça tombe. Ce matin, la pluie a cessé, mais de l'eau s'est accumulée sur la toile de sol de la tente. Floc floc. Couin couin. Sac de couchage, vêtements, etc. Il parait que faire du vélo dans le désert, c'est pas mal aussi. Faudra que j'essaie.

Déjeuner gruau instant cannelles, épices et moustiques. Délicieux et proteiné.










Je réussi quand même à être sur la route à 6h15 et je roule pendant 35 minutes avant de rencontrer une première voiture. Je sais que je suis à seulement 50km de la frontière, alors je prend mon temps. Il fait froid (environ 5 degrés), mais pas de vent ni de pluie. C'est frisquet sur le cuissard, mais ça garde éveillé.




Après 30km, j'arrive au centre de visiteurs de la réserve faunique de Tetlin. Café gratos! L'endroit est absolument génial, à flanc de colline, avec une vallée marécageuse en contrebas.




Quelques kilomètres plus loin, un roadhouse. J'ai rarement rencontré du pain doré auquel je pouvais résister et ce matin n'est pas une exception. Il est même servi avec du vrai sirop d'érable!

Depuis quelques jours, je vois énormément de camions et de remorques uhaul. Faut croire que c'est pas juste au Québec qu'on déménage le 1er juillet.

Il me reste 8 km avant la frontière. Je roule longtemps dans un marécage (ben, il y a quand même une route...). La veille, j'ai appris la raison de tous ces marécages. Le pergélisol (permafrost) empêche l'eau de s'égoutter et toute surface plate accumule de l'eau. Autre conséquence: la couche supérieure qui n'est pas gelée est finalement une grosse couche de vase et de mousse molle, ce qui donne des résultats comme ceci:





Heureusement que les fils sont là pour faire tenir les poteaux (pÔteaux pour les natifs de Montréal).

Finalement, j'arrive à la frontière. Bizarrement, le poste frontière américain est situé sur la frontière, mais celui pour entrer au Canada est 32km plus loin, près de Beaver Creek. Donc, bebye aux américains. Au moment même où je franchis la frontière, je me trouve à être au point le plus à l'ouest du Canada.




Photo de circonstance de la pancarte de bienvenue:





Des fois, j'aimerais ça qu'il y ait d'autre monde pour me prendre en photo. Mais je vous jure que c'est pas juste mon vélo qui voyage tout seul.

Tout de suite après, une pancarte annonce "Alaska Highway reconstruction. Road work next 184km". Hmm, beau programme. Après, cette pancarte encore plus prometteuse:




Hmmm, Dawson City n'aurait pas été si mal après tout. La zone entre le poste frontière américain et celui canadien est considérée comme un "no man's land", mais je constate rapidement que c'est aussi un "no asphalt zone". De rares sections pavées, de grandes sections en macadam et aussi de grandes sections en garnotte. Sauf que là, on n'est pas sur le Denali Highway. Il y a du trafic. Des pancartes disent au monde de ralentir.
Qui ralentit? Dans l'ordre: la plupart des camionneurs, les gros motorisés et les vielles camionnettes qui datent de la guerre du Vietnam conduits par des vétérans de la même guerre.
Les petits motorisés de location ne ralentissent pas (les européens ont hâte d'être aux chutes Niagara avant le souper) et surtout les V.U.S. conduits par des yuppies, particulièrement les BMW et les Mercedes. Ils ont vu trop d'annonces à la télé. Mon répertoire de jurons et d'insultes y passe au complet. Manger une roche à 90 km/h, ça fesse.

Je rencontre 2 cyclistes (normaux...), un couple composé d'un anglais et de sa conjointe néerlandaise. On jase un gros 20 minutes et eux poursuivent vers l'ouest.





Quelques km plus tard, j'arrive à la frontière. Tiens, c'est comme à Lacolle. Un seul poste d'ouvert et une file à plus finir. 45 minutes d'attente plus tard, c'est à mon tour. Pas de cigarettes, pas d'alcool. Mais je dois déclarer mon "bear spray" que j'ai acheté à Anchorage. La douanière me dit "welcome home" et je poursuit ma route.




De retour au Canada. Des distances en km (tanné de multiplier par 1.61), de l'argent de couleur et des emballages bilingues. Enfin, je vais savoir ce que je mange!

3 km plus tard, j'arrive à Beaver Creek. Il n'est que
midi. Que faire? Bof je décide de me prendre une chambre (oui, je sais, je suis douillet et le prochain bled est assez loin) et arrivé au motel, je demande pour une chambre ainsi que pour le prix. La fille me répond "Hmmm, the price? ... ... Sixty?" Bon c'est pas cher et je crains le pire. Finalement, c'est une super belle suite avec un lit king! Pour moi, j'ai pas payé le vrai prix.

Aprés-midi relax. J'en profite pour faire sécher mon équipement et faire un peu de lessive.

Je suis à 457km de Whitehorse. Demain, un gros nowhere, pas de civilisation annoncée pour les prochains 190km. On verra.