samedi 16 juillet 2011

Journal de bord, 15 juillet / Log book July 15

Jour 23. Dease Lake - Iskut
86km. 791m de gain d'élévation

Exceptionally, my blog intro will be in English today. I'll explain why soon.

This morning, I got back on the road around 8am. The sky is low and gray, but it's not raining. Somewhat cold and not windy. At breakfast, I talk to a couple who's driving south and we talk about the construction we both encountered yesterday. They tell me they drove north a few weeks ago and this should be the last roadwork I encounter on the rest on the Cassiar Highway. How come I still don't know not to trust the advice of motorists?

So I start riding south and soon after I leave town, the rain starts. I pull over to gear up and get back to pedaling. Last night, I had looked up the road profile online and I knew there would be a major hill to climb to start the day. Not long after, I get to the bottom of the hill and I start climbing. The GPS shows an elevation of 750m when I start climbing. The climb will hardly let up until I reach the summit at around 1250m. A good climb indeed.
Not too long after the hill starts, I see the sign announcing roadwork (the same roadwork that isn't supposed to be there according to the couple at breakfast). This one is quite bad. It's 3km long. It's all uphill at 8%. But the worst part is the state of the surface. It's not dirt or gravel. It's rocks. Big rocks. Up to 4" in size. And, there's no pilot truck. For my Montreal friends, it like climbing Camilien-Houde on Mont Royal, but if the pavement was covered with rocks.





I manage to climb the whole thing at a breakneck speed of 7km/h. Soon after the end of the roadwork, I see 2 familiar silhouettes on top of a hill. Cyclists! The first ones in days. I manage to catch up to one and soon after, all 3 of us are chatting on the side of the road. They are Sarah and Donny from Portland OR. And they are YMCHTAs (Yet More Cyclists Heading To Argentina). They're actually the first YMCHTAs I meet that are not Europeans. They are the nicest couple and we end up talking in the rain for close to 30 minutes.
When you tour on a bike, most cyclists you meet are going in the opposite direction. Since we all tend to travel at more or less the same rate, you don't meet many heading in the same direction. It's interesting to exchange about experiences we both had.
They also maintain a travel blog which I spent a good part of my afternoon browsing. I suggest you read it. They have taken a very similar route to mine, but they seem to be less obsessed with pictures of mountains than I am. Their web site: Spoken2ThePoint. BTW, that's the reason for the partial English post. Since we exchanged blog addresses, I figured they should at least read this part without google translate.

Sarah and Donny: if you read this, it was great meeting you. Safe travels to Argentina.

We now go back to our regular (i.e. French) program.

Après s'être quittés, je pars à l'avant et non longtemps après, j'atteint le premier sommet de la journée.





S'ensuit ensuite un long plateau parsemés de marécages et où des pancartes annoncent du bétail sur la route. Apparemment, le bétail ne sait pas lire car il brille par son absence. Le plateau commence tranquillement à descendre en pente douce jusqu'à ce que j'arrive à cette pancarte:





Wouhou! Ça va être du sport! J'en profite d'ailleurs pour suivre la recommandation et je ressers mon frein arrière, qui était devenu mou depuis quelques jours. En passant, j'adore les freins à disque sur un vélo de cycle-tourisme. C'est grandement supérieur.
La route descend en effet pendant 6 km et j'atteint par endroit des vitesses de 65 km/h. C'est d'ailleurs pendant une de ces pointes de vitesse qu'un imbécile au volant d'un immense motorisé décide de me dépasser dans une courbe. Il n'aurait quand même pas fallu qu'il attende à un endroit sécuritaire pour me dépasser! Ça aurait pu le retarder de 30 secondes dans sa journée. Les gens sont pressés en vacances! J'ai une brève vision d'une carcasse métallique fumante dans le fond d'un fossé et c'est assez pour me remonter le moral.

Arrivé en bas de la pente, je traverse le pont de la rivière Stikine qui coule au fond d'un canyon. Tout de suite après, la route remonte vers le haut du canyon. La paroi est tellement à pic que la route comprend même des lacets!





Deuxième longue montée de la journée, mais celle-ci est moins longue que la première. Arrivé en haut, je m'arrête à une halte routière et je jase avec un couple de retraités de Saint-Constant qui voyagent en Safari-Condo. La route continue à monter pendant une centaine de mètres en pente douce pour finalement atteindre un deuxième sommet à 1100 m. Ensuite, c'est la descente vers le village de Iskut. La finale est une côte qui descend sur 3-4 km à 8%. J'atteint la vitesse de 70 km/h pendant la descente!





Au village, une petite épicerie et 2 motels. Selon mon principe d'alternance, je devrais faire du camping, mais il pleut pis ça me tente pas! Maudite bonne raison, non?
Pendant une accalmie, je vais prendre une marche au bord du lac et la chienne résidante du motel m'accompagne. Ça me rappelle une auberge (Spitall of Glenshee) où on avait arrêté dans les Highland en Écosse et où le chien en résidence accompagnait systématiquement tous les touristes qui partaient en randonnée.




















Projet ambitieux demain: 150km pour me rendre aux alentours du Bell II Lodge. On verra.

vendredi 15 juillet 2011

Journal de bord, 13 et 14 juillet

Jour 21. Jonction route 37 - Boya Lake
91km. 459m de gain d'élévation.

Dès mon départ ce matin, je me dirige plein sud en Colombie-Britannique et très tôt, je découvre certains des charmes et des inconvénients de ma nouvelle route.







Première constatation, il y a beaucoup moins de trafic. Moins de motorisés, particulièrement les plus gros mastodontes et surtout moins de poids lourds. J'en compte quatre seulement dans les 3 premières heures.
Parmi les inconvénients, la route est beaucoup moins large et elle n'est pas marquée. Il n'y a donc pas vraiment d'accotement, mais il y a tellement peu de trafic qui roule moins vite que ce n'est pas vraiment un problème.
Autre inconvénient: on a dépensé beaucoup moins d'argent pour construire cette route que le Alaska Highway. On a donc déplacé beaucoup moins de sol pour aplanir la route et le profil est en conséquence. Alors que sur le Alaska Highway, on retrouverait de longues pentes égales, ici, la route épouse plus le profil original du sol. Il s'en résulte une série de plus petites collines et toute la journée, c'est monte et descend, en succession rapide. Les pentes sont aussi plus à pic. Je rencontre régulièrement des pentes à 11-12%, alors que précédemment, je rencontrais au plus du 7-8%.














Mais les paysages sont toujours aussi beau. Au bout d'une vingtaine de kilomètres, j'arrive à la forêt qui a brulé l'année dernière. J'avais déjà traversé des forêts qui avaient brulées auparavant, mais jamais aussi récemment. Les arbres sont encore tous noircis et le sol est tellement calciné, il n'y a aucune végétation. Pas de plantes, pas de mousse. On marche directement sur le sable. Par endroit, c'est très sombre comme vision, bien que ce soit très spectaculaire en même temps.





















Je traverserai cette forêt pendant près de 30km et tout au long, je verrai les véhicules stationnés, des cueilleurs de morilles. À quelques reprises, il y a des espèces de campement de fortunes composés d'abris tempo, de vieilles tentes, de poêles à bois, le tout couronné d'un écriteau "Mushroom Buyer". J'apprend d'un de ceux-ci que certaines personnes passent 2 mois d'été dans le bois, à faire le commerce des champignons et plus tard, de petits fruits sauvages.

J'ai aussi droit à une autre rencontre avec un grizzli. Celui-ci est seul et je ne le vois qu'à la dernière minute. Je passe à moins de 5 mètres de lui pendant qu'il me contemple avec une indifférence totale.
L'acheteur de champignons m'a d'ailleurs prévenu: dans les brulis récents, les ours trouvent moins à se nourrir. Il me dit de me méfier surtout des ours malingres, qui sont plus dangereux. Celui que je rencontre est gras et rond, presque jovial.

Après m'être arrêté à une halte routière, je repars et sous-estime la largeur de mon vélo en passant près d'un garde de béton. Résultat: ma sacoche avant accroche le garde, je perde mon guidon et chute, en me recevant sur les genoux. Deux genoux en sang. Heureusement qu'il ne reste qu'une dizaine de kilomètres avant ma destination. Je me lave sommairement les genoux et repars. Rendu au campement, un bon nettoyage et du désinfectant, c'est finalement moins pire que ça paraissait. Je ne serai pas obligé de m'amputer avec le tire-bouchon de mon couteau suisse.

Le camping du lac Boya est sobre, mais le lac est superbe. C'est un de ces lacs alimentés par de l'eau de glacier et dont les particules en suspend reflètent la lumière, transformant la surface de l'eau en une grande surface verte lorsque le soleil brille. Pensez au lac Moraine ou au lac Peyto, dans les rocheuses.














Sur le quai, je rencontre trois cueilleurs de champignons venus prendre un après-midi de congé au bord du lac. Il faut dire qu'il fait particulièrement chaud, autour de 27 degrés. Je me laisse tenter et saute à l'eau moi aussi. C'est pas très chaud - j'ai déjà mentionné l'eau de glacier - mais comme on dit, une fois saucé...

Comme il est très tôt dans la journée, je passe le reste de la journée à faire une sieste, à marcher le long du lac et à lire un peu. J'ai le même roman avec moi depuis le début du voyage et j'ai à peine lu 130 pages.

Juste comme je m'installe après mon souper pour rédiger mon journal, un gros orage violent éclate et je suis confiné à ma tente pour le terminer.

Demain, jeudi, j'espère me rendre jusqu'à Dease Lake, un petit bled avec des services. Il s'agit quand même d'une distance appréciable de 150km et les gens à qui je parle me préviennent tous à propos d'un chantier de reconstruction de la route qui durerait jusqu'à 78km, sections en gravier inclus. Au pire, je prend 2 jours pour m'y rendre, en autant que j'y suis avant vendredi 17h, car j'ai un paquet de nourriture qui m'attend au bureau de poste.

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Jour 22. Boya Lake - Dease Lake.
140 km. 975m de gain d'élévation.

Ouf! Surement une de mes meilleures journées, combinant distance, montagnes et chaussée difficile.

Ce matin, je me lève tôt et bien qu'il n'ait pas plu de la nuit, tout mon campement est détrempé de l'orage de la veille. J'ai entre autres découvert un défaut de conception avec ma tente qui fait que la toile de sol est un tantinet plus grande que la tente elle-même. Un tantinet, c'est tout ce que ça prend pour se retrouver avec une mini-piscine en dessous de la tente. À rectifier à la prochaine installation, si un jour je réussi à la faire sécher!

Mais le temps est quand même agréable. Un beau soleil avec des nuages épars. Apres déjeuner, je commence à rouler. Le terrain de camping est situé à environ 2km de la route. Je ne suis même pas rendu à la route qu'une averse débute. Long soupir. Imper, etc. Finalement, la pluie dure environ 30 minutes et le reste de la journée, la température sera généralement ensoleillée et juste un peu moins chaud que la veille.




























Au départ, j'ai comme ambition de me rendre à Dease Lake, située à 150km. Ça me semble un peu fort, mais je suis vaguement optimiste. La pluie n'affecte pas mon optimisme, mais pas très loin, cette pancarte le menace sérieusement:






La photo n'est pas très claire, mais ça dit "Construction ahead next 84km". Le seul chantier à proprement parler est à 72km plus loin, mais tout au long de la route, de grandes sections ont été travaillées avec de l'équipement lourd. Je me retrouve donc à traverser de longues sections couvertes de gravier, comme j'avais déjà rencontrées au Yukon. Je remarque que les automobilistes sont particulièrement sans-cœur pour ce qui est de ne pas ralentir. Je renouvelle mon répertoire d'insultes et de jurons bien choisis. Contrairement à ce qu'un autre cycliste m'a dit faire, je ne répond pas en lançant moi-même des pierres dans les pare-brises des voitures qui ne ralentissent pas. Mais c'est quand même pas l'envie qui manque parfois, surtout quand les sauvages ne ralentissent pas mais qu'ils t'envoient quand même la main avec un gros sourire.

En chemin, j'arrête aussi à Jade City, un regroupement de quelques boutiques qui vendent des articles de jade travaillés sur place. On m'y apprend que plus de 90% du jade mondial est extrait de la région. C'est drôle, il me semble que j'avais entendu la même chose en Chine et aussi ailleurs en Europe. C'est combien 3 x 90% de la production mondiale déjà?

La route elle-même doit passer d'une vallée à une autre. Je dois donc franchir un col solide pour ce faire et la montée s'éternise pendant un vingtaine de kilomètres. Monte de 50m, descend de 20, remonte de 40, descend de 50. Quand j'arrive au sommet du col, mon GPS m'informe que j'ai monté l'équivalent de 2 fois la hauteur du col. À 11h30, je roule depuis plus de 3.5 heures et j'ai à peine franchi 50km. Je révise constamment mes ambitions à la baisse.

Mais j'arrive finalement de l'autre côté du col et j'ai droit à une longue descente. En chemin, j'ai une pensée pour la responsable du camping qui, la veille, m'a dit: "The road to Dease Lake is mostly flat and generally downhill". Jusqu'à maintenant, à chaque fois qu'on m'a dit ça, j'ai rencontré les pires côtes. Les automobilistes n'ont pas du tout la même perception du relief qu'un cycliste.















Plus tard, j'arrive au chantier proprement dit. Un signaleur me dit de me mettre en attente car le trafic doit circuler en simple file tout au long du chantier. De plus, les véhicules doivent suivre un camion de tête ("a pilot car"). Je m'attend à ce que, comme au Yukon, on me dise de monter à bord du véhicule de tête pour traverser le chantier. Le signaleur me dit que non, car le camion utilisé aujourd'hui est plein de pancartes et que ce serait trop de trouble de les enlever. Je m'informe sur les conditions du chantier: 12km, machinerie lourde, équipement pour faire fondre le vieux macadam, bitume chauffé projeté par un camion. Hmmm, beau programme. J'insiste. Peut-être que je pourrais aider à débarquer les pancartes du camion? J'essaie même par une voie déviée: vous êtes sur que vos assurances vous couvrent si vous laissez des cyclistes circuler sur votre chantier? Pas de chance.
Comme j'ai pas envie de jouer au héros pour prouver quelque chose, je me tourne vers un automobiliste qui attend en file. Il est seul et conduit une énorme camionnette qui tire une immense remorque. Je lui explique la situation et 30 secondes plus tard, le vélo est dans le camion. C'est un américain et j'ai droit à son petit discours me disant qu'on verrait pas ça en Alaska et que le Canada fait tiers-monde des fois. Même s'il a un peu raison, j'ai pas non plus envie de me lancer dans un grand débat avec mon bon samaritain. Pour changer de sujet, le moyen le plus efficace avec les ex-militaires américains dans la soixantaine: "So, were you in Vietnam?". Parfait, on a changé de sujet et 12 km plus loin, il me dépose avec tout mon bardas et je suis prêt à poursuivre ma route.
Il me reste alors une quarantaine de kilomètres. Arrivé près de Dease Lake (le lac lui même, pas la ville), un chantier plus modeste où on retravaille les fossés. Je jase avec le premiers signaleur et j'apprend qu'il est de Prévost (il dit Shawbridge)! Le deuxième signaleur me dit qu'il ne me reste que 30km avant d'arriver à la ville. Il ajoute aussi: "It's mostly flat to there". Ahhh non. Comme de fait, la route, au lieu de longer le lac, grimpe presqu'au sommet de la montagne voisine et je me tape une grimpe supplémentaire de 300m.
J'arrive enfin à la ville et je me présente au bureau de poste à 16h55. Mon paquet est arrivé dans l'après-midi! Quelle chance.

Je n'ai pas rencontré de cyclistes depuis au moins 3-4 jours. Par contre, aujourd'hui, j'ai vu un mouflon sur le bord de la route, mais il a refusé de prendre la pose pendant que je prenais une photo et a préféré se sauver en me voyant. J'ai aussi croisé un renard roux qui traversait la route nonchalamment. J'adore comment les renards font toujours semblant de ne pas nous voir et même de nous ignorer. J'ai pu passer à peine à un mètre de lui sans qu'il bronche. De bonne photos avec l'autre appareil. Pas d'ours aujourd'hui.

Demain, je vais viser Iskut, un petit village à une centaine de kilomètres d'ici. Même les automobilistes m'ont dit que la route montait. Je m'attend à un mur.

Note: oh non, ma mère lit mon blogue. Heureusement que je n'ai pas parlé des herbes médicinales qu'un amérindien a bien voulu partager avec moi hier pour aider à supporter la douleur dans mon genou. Oops ;-)

Merci Mathieu pour les MàJ. On parle pas souvent de Ryder, ça doit pas aller bien pour lui. Abandon?

Merci aussi à tout le monde pour vos commentaires positifs. J'apprécie beaucoup.








mercredi 13 juillet 2011

Journal de bord, 12 juillet

Jour 20. Rancheria - Jonction Alaska Highway et route 37.
143 km*. 897 de gain d'élévation.

99km de Rancheria jusqu'à la jonction + 44km pour l'aller-retour vers Watson Lake.

Bon, aujourd'hui, je commence avec une promesse. Je ne me plaindrai de rien dans mon blogue car la journée a été parfaite.
Pas de pluie, même pas de nuages. Il a fait jusqu'à 26 degrés. Pas vraiment de vent. La route était belle, le vélo va bien et mon dos semble s'être remis en état. Des robaxacets hier soir et un bon matelas dur semblent avoir réglé le problème.





Donc, levé tôt et départ autour de 8h. Je prend la route après avoir déjeuné au resto du Lodge. Ben oui, encore des crêpes. Ils font vraiment de bonnes crêpes par ici. Une chance que je brule tout durant la journée. Ça va être dur quand je vais revenir de retourner au muesli et au yogourt 0%.
Dès 8h, la température est agréable et j'enlève des couches très rapidement. Le ciel est absolument impeccable. Pas un seul nuage à 360 degrés. La route longe la rivière Rancheria et bien qu'elle soit valloneuse, elle est généralement descendante pour une bonne partie de la journée. La première heure de route, je dois bien m'arrêter une dizaine de fois pour prendre des photos.















J'avance à un bon rythme et rapidement, j'ai couvert mes premiers 60 km sans aucun effort. Et soudain, surprise, je vois du mouvement du coin de l'oeil dans le fossé. Je ralentis et vois un ourson. Je me met sur mes gardes et réalise soudain qu'il s'agit du ourson grizzli. Mon premier grizzli du voyage! Je m'arrête en plein milieu de la route, sur la ligne jaune et je sors le poivre de cayenne, on sait jamais. En quelques secondes, un autre ourson sort des bois, suivi tout de suite après par la mère. Je sors mon appareil photo (pas le iPhone, le vrai qui a un zoom, donc rien à montrer ici pour le moment) et je réussi à prendre quelques photos floues, dignes d'un reportage sur le monstre du Loch Ness. J'attends un peu et comme ils ne semblent pas agressifs, je me tasse complètement à gauche et poursuit ma route, tout en jetant des regards furtifs dans mon rétroviseur. Ouf, j'ai maintenant perdu ma virginité plantigrade. Bring it on!










Je continue sans autres histoires et arrive finalement à la jonction avec la route 37, que je vais emprunter demain matin vers le sud. J'ai pris une photo de la carte non loin de la jonction:




On voit bien sur la carte le choix que j'ai fait. Je devais me rendre à Prince George de toute façon pour pouvoir poursuivre vers Jasper et les grands parcs des rocheuses. Mon choix initial était de prendre la route à droite sur la carte, entre Watson Lake et Prince George (le Alaska Highway), mais finalement, plein de monde m'ont convaincu de prendre la route à gauche, c'est-à-dire le Cassiar Highway suivi du Yellowhead Highway. D'une façon ou de l'autre, c'est environ la même distance. 1200 km pour le Cassiar, 1400 km pour le Alaska. Mais on me dit que la route est plus spectaculaire, avec plus de glaciers et de faune, et aussi, moins de camions. J'aurais aussi la chance de faire une excursion jusque sur la côte, à Stewart/Hyder, qui parait-il est une très belle ville et la route pour y aller est, semble-t-il, une des plus belles.

Bref, lorsque j'arrive à la jonction, je me trouve une piaule pour la nuit (45$, services inclus: un lit et une porte).




J'y laisse mes bagages et comme je suis encore en bonne forme, je décide de pousser un aller-retour jusqu'à la ville de Watson, qui est située à 22 km de la jonction, donc 44 km aller-retour. La route pour s'y rendre est telle qu'on me l'avait décrite. Ça descend, ensuite ça monte en tabouère, ça descend et finalement, ça remonte en masse. Heureusement que je me suis délaissé de mes bagages, j'aurais été malheureux dans ces côtes. Au retour, ben, c'est pas mal l'inverse.

À Watson Lake, on retrouve le signpost forest, une collection de plus de 65,000 pancartes et écriteaux, glanés de partout dans la monde et installés sur des poteaux. Ce sont les visiteurs qui apportent les pancartes et les installent eux-mêmes.









Apparemment, la tradition aurait débuté pendant la construction du Alaska Highway par un soldat nostalgique. Ce serait la plus grande collection du genre au monde. C'est assez grand pour que je m'y promène en vélo entre les allées.
En parcourant l'ensemble, j'y ai vu quelques pancartes du Québec, dont Saint-Jean, Sainte-Thérèse, Blainville et Laval. Il y en a surement plus, mais bon, j'avais pas vraiment le temps d'examiner 65,000 pancartes en détail.
Je profite de ma visite à Watson Lake pour acheter quelques provisions, surtout des fruits et légumes et du yogourt, qui sont durs à trouver à l'extérieur des villes.

Demain risque d'être une journée mollo. On m'a parlé d'un très beau lac avec camping à 85 km d'ici.

Petite note: j'ai franchi mon kilomètre 2000 aujourd'hui (je suis rendu à 2128 km exactement).
J'ai aussi atteint 11299m de gain d'élévation total. Ça veut pas dire que je commence à avoir de la misère à respirer, c'est juste le cumul de toutes les petites et grandes côtes que j'ai montées jusqu'à maintenant, mises bout à bout (tel que mesuré par mon GPS). J'ai donc grimpé plus que la hauteur totale de l'Everest. Mais bon, réparti sur 20 jours, c'est pas tant que ça.

mardi 12 juillet 2011

Journal de bord, 11 juillet.

Jour 19. Dawson Peaks - Rancheria
131km. 922km de gain d'élévation.





J'avais de grand projets ambitieux quand je suis parti ce matin. Je me suis levé tôt et j'étais sur la route dès 7h30. Étant donné que j'étais à 230km de la jonction avec la route 37, j'espérais pouvoir faire 170km durant la journée, ce qui m'aurait permis d'arriver à la jonction en question assez tôt dans la journée demain. Mon idée était d'y laisser mes bagages et de profiter du reste de la journée pour piquer une petite pointe allège jusqu'à Watson Lake. Watson Lake n'est pas vraiment sur mon chemin, mais c'est quand même la 2e ville du Yukon et une bonne place pour se ravitailler.
Malheureusement, j'ai rencontré quelques écueils. Dans un premier temps, un mal de dos latent que je traine depuis plus d'une semaine est revenu en force ce matin. En selle, ça va pas trop mal, mais j'ai beaucoup de misère à faire le grand écart pour monter et descendre du vélo et je ne suis pas capable de me mettre debout sur les pédales ou à me pencher. Je pensais que le mal de dos avait disparu pendant ma journée de congé à Whitehorse, mais de toute évidence, non. Évidemment, ça m'a beaucoup ralenti.
J'ai aussi affronté beaucoup plus d'ascensions que j'avais prévu. Évidemment, j'aurais du me douter que ça monterait, je savais que je devais passer par un endroit qui s'appelle "Continental Divide"...
Finalement, écouter du Enya hier soir n'a pas servi ma cause, il a quand même plu aujourd'hui, mais à peine une heure. Ce soir, j'ai écouté "Here comes the sun" de George Harrison, on verra. C'est rendu que quand il pleut moins de deux heurest dans une journée, je considère qu'il a fait beau toute la journée.





Autrement, un bonne journée. Avant la pluie, il a fait très beau et j'estime que la température a du monter autour de 23 degrés, ce qui est très respectable ici. Quelques bourrasques de vent de face autour de midi, sans plus. Demain, on annonce 26, la canicule!




Comme prévu, j'ai passé une partie de la matinée en Colombie-Britannique, pendant une quarantaine de kilomètres, le temps que la route passe au sud du 60e parallèle. Je suis quand même un peu déçu d'avoir manqué Stanley Park et Whistler. J'ai du cligner des yeux à ce moment.




La route peut quand même être plate et droite par endroits.




Plus tard dans la journée, je suis arrêté à une halte routière en train de lire la pancarte d'information qui explique la formation de la montagne devant moi quand j'entend derrière moi: "Well well, we keep bumping into each other." Je me retourne, c'est Choquette! AAAAAAARGH! Aucune issue possible. Pourquoi il n'y a jamais une attaque de grizzli à ce moment-là, ce serait tellement plus agréable. Il m'annonce tout heureux qu'il a découvert plus d'information sur son ancêtre mais qu'il est un peu pressé. Il m'assure que si on se rencontre à nouveau, il va me montrer le tout. Je trépigne d'impatience. Attachez moi quelqu'un.











Vers la fin de journée, j'atteint la ligne de partage des eaux continentales (le "continental divide"). D'un côté, les eaux se jettent dans le fleuve Yukon et éventuellement dans la mer de Béring. De l'autre, les eaux se dirigent vers le fleuve McKenzie et dans la mer de Beaufort. Je suis alors à une altitude de 1040m selon mon GPS.
Il y a plusieurs années, on est en voyage dans les Rocheuses avec un autre couple d'amis et on se rend à la ligne de partage des eaux dans le parc de Yoho (ou était-ce Kootenay?) et le seul souvenir que j'en ai est le déluge qui s'abattait sur nous cette journée-là. On a l'air de réfugiés sur la photo. Bref, tout ça pour dire que j'ai eu le même feeling il y a deux semaines sur le Denali Highway et aujourd'hui encore, sous la pluie. Conclusion: quand je traverse une ligne de partage des eaux, il y a toujours de l'eau à partager.




Preuve que mon vélo et moi voyageons ensemble.

Apres une pointe de tarte à la rhubarbe au Continental Divide Lodge, j'ai poursuivi un peu jusqu'à un petit parc pour marcher jusqu'à une petite chute.





Finalement, j'arrive au très chic Rancheria Lodge, où la propriétaire, une Franco-Albertaine nommée Linda Bouchard, a un faible pour les cyclistes. Elle me laisse une belle chambre pour un très bon prix. Elle me dit que le premier cycliste de chaque année qui arrête, habituellement autour du mois de mai, a droit à une chambre gratuite. Sympathique! Cette année, il faisait -5 quand il s'est présenté.

Note aux amateurs de moto. Finalement, je suis amplement contredit depuis Whitehorse. Je vois beaucoup de motos de touring depuis quelques jours. Mais peu de saluts de ces motards, doivent être trop occupés à jouer avec les boutons de la radio satellite ou le système de navigation.

Demain, je vais souhaiter que le dos collabore. Je suis à environ 100km de la jonction avec la 37. Si je peux m'y rendre en milieu d'après-midi, je ferai du pouce pour aller à Watson Lake plutôt que d'y aller en vélo, question de ménager ma vieille carcasse. Après la jonction, la route 37 fait 724 km dans le bois sans croiser beaucoup plus que des petits villages. J'aime autant m'approvisionner avant dans une vraie épicerie à Watson Lake plutôt que dans les stations-services le long de la route. C'est bon des barres mars avec une root-beer, mais c'est pas très sain.

Petit message personnel: ma douce est revenue de voyage en Scandinavie et j'espère qu'on va réussir à se parler de vive voix bientôt. Mais si c'est le cas, ce ne sera surement pas grâce à Telus. Est-ce que je vous ai parle de Telus?
J'ai hâte de te parler Valérie. xxx

lundi 11 juillet 2011

Journal de bord, 10 juillet

Jour 18. Squanga Lake - Dawson Peaks Resort
84km. 422m de gain d'élévation.

Soirée intéressante hier. Alors que je suis à rédiger mon journal hier soir dans l'abri cuisine, un gars m'aborde et m'offre de le rejoindre lui et ses amis à son campement pour une petite bière. Il ne semble pas vouloir me parler de ses ancêtres et je dois avouer que l'offre d'une bière est bien tentante. En vélo, à la limite, on peut trainer un peu de vin, mais la bière, pesante, est hors de question, surtout qu'on n'a pas vraiment de moyen de la garder froide.
Je finis ma rédaction et vais les rejoindre à leur campement. Je rencontre Peter, de Calgary et maintenant résidant de Whitehorse, sa sœur Nadine, en visite de Calgary et Lenka, la blonde tchèque de Peter, qui est au Canada depuis 2 ans. Il sont sur un mini road trip et ont passé la matinée dans une forêt qui a brulé l'année dernière, près de Watson Lake. J'apprend que les forêts brulées récemment sont propices à la pousse des champignons, particulièrement par ici les morilles. Il me montre l'arrière de sa camionnette qui contient une centaine de livres de morilles. L'autre cent livres à été vendu pour 500$. Pas mal! J'ai même droit à une poignée de morilles que je ferai griller sur le feu ce matin. Délicieux!
On jase de vélo, de politique, de pêche, de l'Europe de l'Est, de politique, du Stampede de Calgary (que Nadine fuit à chaque année), des rocheuses et aussi, un peu de politique.
Finalement, une bière mène à une autre et c'est à minuit que je retourne à ma tente, qui est quand même facile à trouver sous le soleil de minuit. Disons que c'est facile de veiller tard quand le soleil est toujours levé.

Ce matin, je me lève quand même moins tôt que je l'espérais. À mon réveil, quelques bonnes surprises: il n'a pas plu de la nuit et il fait assez doux. Après avoir déjeuné, je prend la route vers 9h. Je n'ai pas de plan précis pour la journée, mais je sais que je n'ai pas envie de pousser. Je roule 20km et j'arrive à Johnsons Crossing, ou se trouve un restaurant. Je décide d'arrêter prendre un café. En entrant, l'odeur des brioches à la cannelle m'accueille. On dirait que les brioches font exprès pour me tendre des pièges un peu partout. Il ne faudrait quand même pas leur résister. Miam.





Orignal contre voiture. Ouch.

À partir de Johnsons Crossing, j'arrive en bordure du lac Teslin, un lac long de 125km que je suivrai le reste de la journée. Suivre est un bien grand mot. On penserait qu'une route qui suit un lac serait assez plate, mais le concepteur de la route l'a fait passer à environ 1km de la rive avec comme conséquence que je passe le reste de la journée à monter et descendre.




J'arrive vers 13h à une halte routière et je m'installe pour me préparer un petit lunch. Un couple de Watson Lake vient se joindre à moi. Ils arrivent d'un voyage de pêche en Alaska. Pendant qu'ils préparent leurs sandwichs, ils m'offrent une bière, que je peux difficilement refuser (j'ai déjà dit que j'étais trop poli). Deux fois en deux jours, la chance me sourit. Ils m'invitent même à dormir sur leur divan à Watson Lake, en me disant qu'ils sont membres de couchsurfing.org et de warmshowers.org. Watson Lake serait un détour de 25 km, mais je vais peut-être me laisser tenter. On verra.

J'arrive en milieu d'après-midi à Teslin, où j'arrête au magasin général acheter quelques provisions. J'aborde un vieil amérindien tout rabougri et je lui demande de quoi la route a l'air pour les prochains kilomètres. il me dit que la route va être très plate pour un très grand bout. Je le remercie, embarque sur le vélo, traverse le pont et commence à monter ma pire côte depuis une semaine. 2km à 8%. J'imagine le vieil indien en train de se rouler à terre.

15 km de plus et j'arrive vers 15h au Dawson Peaks Resort, un nom bien pompeux pour un camping de motorisés avec quelques chambres de motel. Ça ira pour moi. De toute façon, il n'y a aucun services pour les prochains 100km. Je vais en profiter pour me coucher tôt et faire pas mal de distance demain.
Demain, la route entre un peu en Colombie-Britannique avant de revenir au Yukon. Après-demain, je bifurque vers le sud sur le Cassiar Highway (la route 37). Je serai pas fâché de quitter le Alaska Highway une fois pour toute. Pas mal trop de trafic à mon goût.

Je n'ai pas eu de pluie depuis maintenant plus de 24 heures. J'ai donc célébré en écoutant l'album "A day without rain" de Enya pendant la rédaction de ce billet. Enya, ça tape fort sur le "quétainomètre", mais c'était de circonstance.

dimanche 10 juillet 2011

Journal de bord, 9 juillet

Jour 17. Whitehorse - Squanga Lake
108km. 538m de gain d'élévation

Rien de bien spécial à rapporter pour hier, jour 16. J'ai fait très exactement 0 km de vélo. Ça a fait du bien, je commençais à avoir mal au dos depuis quelques jours. Malheureusement, j'ai pas réussi à me planifier un rendez-vous pour un massage. Un peu dernière minute et j'étais quand même difficile à rejoindre. Telus gagnera pas de médaille d'excellence par ici. "Can you hear me now? Non, simonac".
J'ai déjeuné hier matin chez Tim Hortons, j'avais le goût d'un Tim-matin. Ensuite, magasin de plein air pour faire le plein de bouffe déshydratée et ensuite au bureau de poste pour m'envoyer un paquet de nourriture en poste restante à Dease Lake, que je devrais traverser dans environ une semaine. J'espère juste que je passerai par là un jour de semaine. Sinon, ça peut faire une fin de semaine plate à attendre que le bureau de poste ouvre.
L'autre paquet que j'ai posté vers la maison contenait des vêtements et du matériel d'extra. Si ça fait 15 jours que je le traine, que je ne m'en suis pas servi et que c'est pas du matériel d'urgence, ça retourne à la maison. Je me suis ainsi délesté de 4.5kg, non négligeable quand on monte une bonne pente.

Le reste de la journée, j'ai pris de grandes marches autour de la ville, longeant entre autres le S.S. Klondike, un bateau qui faisait la navette entre Whitehorse et Dawson City avant la construction de la route.




J'ai même trouvé quelqu'un pour prendre ma photo avec mon iPhone.









Évidemment, j'avais pas mon vélo, les gens vont finir par croire qu'on voyage pas ensemble. Il faisait hier un temps superbe et ensoleillé. Je me suis payé un bon souper au resto et je me suis couché tôt, en préparant mon équipement pour aujourd'hui.

Ce matin, le ciel est gris et après avoir quitté la ville, je fais un petit arrêt au terrain de camping à l'extérieur de la ville où je me doute que je trouverai mes deux français. Comme de fait, ils y sont et ils grognent contre le prix prohibitif du camping. De mon côté, je reste évasif sur l'endroit où j'ai resté au cours des derniers jours. Je risquerais de m'échapper sur le jacuzzi.

Je prend donc la route et pas très loin, je rencontre mon premier cycliste de la journée. Il arrive de la côte de la Colombie-Britannique par traversier à Skagway et a l'intention de se rendre à Prudhoe Bay par le Dalton Highway. Ca semble une obsession de faire cette route à vélo. Pourtant, 500km de route de gravier hostile, aucun approvisionnement en chemin, des camionneurs pressés, c'est pas très tentant à mes yeux. En plus, la rumeur court que rendu à 20km de la côte de l'océan Arctique, la route est bloquée aux touristes, pour protéger les installations stratégiques de transfert de pétrole vers le fameux Alaska pipeline. Donc, après avoir parcouru toute cette route, très difficile de se rendre au nord de l'océan. Ça doit être frustrant.
Je roule un peu plus et soudainement, la pluie débute. Jusqu'à maintenant, la pluie a presque toujours débutée en après-midi, une fois que la journée se soit réchauffée un peu. Sauf que cette fois, il fait encore moins de 5 degrés lorsque la pluie débute. Je m'habille en conséquence, mais malgré tout, je n'arrive pas à me réchauffer. Au bout de 10km, je me met à grelotter tout en pédalant. Hmmm, pas le temps de faire de l'hypothermie. Problème, il n'y a aucun service sur la route, dépanneur, restaurant ou station service. Même pas un chalet avec une galerie pour me couvrir. Finalement, une halte routière avec comme seules installations des toilettes sèches. C'est donc là que je m'abrite (c'est pas mal glamour mon affaire) pendant que je me réchauffe un peu et fouille dans mes sacs pour mettre toutes les couches de vêtement que je peux trouver. Finalement, vêtu de deux couches de sous-vetements superposées, je reprend la route. Je parviens à me garder à peu près au chaud, mais les 30 km suivants sont pénibles. Quand une camionnette s'arrête sur l'accotement pour m'offrir de m'amener au prochain village, j'ai un sérieux moment d'hésitation. Sauf que je sais que si je baisse les bras suite à cette épreuve, ce sera trop facile après d'utiliser cette excuse pour un abandon. Tant pis, je remercie le conducteur de sa gentillesse avec un grand sourire et je reprend la route. J'arrive finalement à un lac aménagé et je trouve un abri avec quelques tables de pic-nic. J'enlève mes vêtements mouillés (au moins mon anorak a gardé mon torse et mes bras au sec) et je me fais bouillir de l'eau. Des nouilles ramen, du fromage et du beurre d'arachide me réchauffent et me rassasient. Pendant que je suis arrêté, la pluie cesse enfin et je repars dans de meilleures conditions. Quelques minutes plus tard, je rencontre mon 2e cycliste de la journée, qui semble avoir le moral dans le même état que le mien. On jase un peu et je lui explique où est situé l'abri où j'ai mangé. On peste un peu contre le trafic du samedi, qui est plus dense et moins discipliné que les jours de semaine et on se quitte.
Bien que le ciel reste ennuagé, il ne pleuvra pas du reste de la journée. Je rencontre un peu plus tard un couple de cyclistes de la Suisse, qui ont un itinéraire en tire-bouchon, avec des vols et des trajets en train insérés ici et là et qui les amènera à Vancouver, Jasper, Toronto et Lansing au Michigan. Lansing, vraiment?
Arrivé à Jake's Corner, je vois un restaurant dont m'a parlé un des cyclistes. Il m'a très fortement suggéré de prendre une brioche. Comme j'entre, la serveuse vient de sortir du four une plaque avec une fournée toute chaude de brioches géantes. Vraiment géantes. J'ai une pensée où je me dit que je vais me couper l'appétit pour le souper. Yeah right. Je mange comme un défoncé depuis mon départ et j'ai toujours faim. Pas de problème. La brioche est effectivement délicieuse.

En sortant du resto, repus, revigoré, réchauffé et motivé, je me prépare à faire les 25km qui me restent pour atteindre ma destination quand un mec m'aborde et me demande: "You're French Canadian right? Can I ask you a few questions?" Ah merde, quoi encore. Ben oui, on a voté NPD, revenez-en. Pantoute. Il m'annonce qu'il s'appelle Choquette, que son ancêtre est québécois et il veux absolument me parler de son ancêtre. Il me sort des papiers tirés de Wikipedia et il insiste pour que je les lise. Vous irez sur wikipedia lire à propos de Buck Choquette, vous allez voir c'est fascinant (zzzzzz). Et là, il veut savoir s'il y a encore des Choquette au Québec. Maudite marde, il est capable d'aller sur wikipedia, il connait pas canada411 aussi des fois? Bref, la tache se répand sur moi pendant un gros 30 minutes et je réussi finalement à m'excuser. Pourquoi moi? Je suis trop poli.

Bon finalement, embarque sur le vélo et je me rend au camping de Squanga Lake que d'autres cyclistes m'avaient recommandé. Je me trouve un bel emplacement sur le bord du lac et je prend le contrôle de l'abri cuisine, dans lequel je me fait un gros feu. Il y a un gros poêle de type truie et le bois est gratuit. Au moins, s'il pleut demain matin, je pourrai déjeuner au sec.