jeudi 28 juillet 2011

Journal de bord. 27 juillet.

Jour 35. Robson Prov. Park - Jasper.
92 km. 408 m de gain d'élévation.

J'ai réussi à me lever tôt ce matin. Enfin, je dv rais dire que la pluie s'en est chargée. Mais malgré tout, je peux quand même plier bagages pendant une accalmie. Je suis donc sur la route dès 6h15 ce matin. J'ai l'intention de prendre mon temps et d'arriver quand même tôt à Jasper.

1 km de route sur le plat et déjà, je dois affronter une bonne montée. Au point où j'en suis rendu, les montées ne me font plus peur du tout, mais sans avoir pu rouler un peu pour me réchauffer, ça commence quand même raide.





Rendu au sommet, je peux voir à l'horizon de gros nuages et de la pluie, mais comme j'ai le vent de dos, j'espère que les averses voyageront plus vite que moi. Comme je roule quand même à un bon rythme, je peux constater que je suis tranquillement en train de rattraper les averses. Au début, c'est la chaussée mouillée, mais plus loin, ce sont les voitures qui roulent en sens inverse qui sont mouillées. Je suis rendu à ce moment sur les rives du Moose Lake. Bien qu'il n'y ait pas de halte routière proprement dite, il y a un petit endroit pour mettre des bateaux à l'eau. L'endroit est désert et donc parfait pour une pause déjeuner. Pour pouvoir partir plus vite, je n'avais pas pris de vrai déjeuner au camping et là, je commence à avoir faim pour vrai. Je me fait chauffer de l'eau pour du gruau instant (ma recette s'améliore de jour en jour, j'y ajoute maintenant des raisins secs et des dattes déchiquetées) et un café. Juste comme je commence à relaxer, un convoi de 3 camionnettes tirant chacune une immense roulotte décide de s'arrêter pour une raison obscure. Tout le monde sort, fume, parle fort et examine un des essieux de la roulotte. Scène typique: tous les hommes manipulent la même pièce de l'essieu d'un air connaisseur, font hmm hmm et s'éloignent sans avoir rien fait. De toute évidence, ils n'ont aucune idée de ce qu'ils font, mais c'est important de toucher l'essieu d'un air expert. Le pire, c'est que tout ce temps, les camionnettes laissent leur moteur diesel tourner au ralenti, juste sous la pancarte qui annonce "BC is idle free". Probablement les mêmes personnes qui se plaignent que l'essence coute cher et que le gouvernement devrait faire quelque chose. Bref, la quiétude du moment en prend pour son rhume. Je décide de me ramasser et de repartir. J'ai presque envie de manipuler l'essieu avant de partir, mais comme je suis en minorité...





Je rencontre un autre cycliste,
un Autrichien parti de Toronto vers Vancouver et qui ne savait pas que les vents dominants au Canada soufflaient vers l'est. Maintenant, il le sait. Il est parti à la mi-mai et le vent le freine depuis ce temps.

Plus loin, je me fais dépasser par un camion transformé en mini motorisé avec une immatriculation européenne. Je l'avais déjà remarqué deux jours plus tôt alors qu'il m'avait dépassé dans une côte en route vers McBride. Difficile de ne pas le remarquer. Le véhicule est de toute évidence de fabrication artisanale, les plaques sont européennes, il roule à 80 km/h alors que tout le monde, même les plus gros VR, roulent tous à 110-120. Dernier détail, le volant est à droite ce qui fait que quand il me dépasse la première fois, je peux voir le visage du chauffeur de près. Bref, il m'avait dépassé entre Prince George et McBride, je lai vu à McBride, hier, je lai aperçu dans une halte routière et ce matin, il me dépasse à nouveau. Ça veut donc dire qu'il progresse au même rythme que moi. En plus, aujourd'hui, au moment où il me dépasse à 80 km/h, il est suivi par une file d'une dizaine d'autres véhicules qui ont tous l'air super frustrés. Je suis tellement content que je lui envoie la main. Environ 5 km plus loin, je le vois stationné sur le côté de la route et je décide de m'arrêter pour le rencontrer. C'est un italien retraité qui s'appelle George (en tout cas, l'équivalent italien de George) et il a fait transporter son camion par bateau vers Buenos Aires et il remonte les Amériques vers le nord depuis 3 ans. il m'offre du café et finalement, on jase pendant environ une heure de voyages, de vélo, de camping, de météo et de bouffe. Il parle anglais avec un très fort accent. À un moment, nous avons cette conversation un peu surréelle:
(lui) - I haven't been able to find some sticks.
(moi) - What do you mean sticks?
- You know, I want some big sticks
- I don't understand
- Big sticks to eat. I want to eat some big sticks.
- Eeeeeeeh?
- You know, sticks from the cow?
- Ahhh, you mean steaks!
- Yes, that's what I said, sticks.
- Ooookay
Bref, un bonhomme super sympathique. J'espère le croiser à nouveau. J'ai vu son camion à Jasper, mais aucune trace de lui. Sans doute parti trouver une boucherie. Comme on va dans la même direction, il va sans doute me dépasser encore sur la route demain.





Seule ombre au tableau, le temps qu'on parle, une averse nous rattrape et je passe l'heure suivante à pédaler sous la pluie, qui est suivie immédiatement par un beau dégagement.





J'arrive enfin en Alberta, dernière province de mon voyage. Cérémonial habituel, on prend une photo ou deux, on change d'heure et on poursuit. J'ai quitté le bassin versant du Pacifique et je suis maintenant dans le bassin versant de l'Arctique.





Arrivé à Jasper, je me met en quête d'hébergement. Les options habituelles sont hors de prix mais je me souvient qu'on peut trouver des chambres à louer dans des maisons privées à des prix raisonnables. Je fait plusieurs recherches infructueuses et je tombe entre autres sur la même maison de chambre où on avait dormi lors d'un voyage il y a plusieurs années. Oui Valérie, Lyne et Benoit, la même madame italienne qui voulait être certaine qu'on étaient tous mariés avant de nous louer son appartement.

Finalement, je trouve ailleurs pour pas cher et je pars explorer la ville. Je prend ça mollo car demain, j'ai une de mes plus grosses journées qui m'attend, 120 km, mais surtout l'ascension du col de Sunwapta, dont le sommet est à 2063 m, une montée de plus de 1050 m par rapport à Jasper. Autant dire que je vais monter toute la journée. Si j'atteint mon objectif demain, je dois franchir environ la même distance et grimper un autre col aussi haut pour me rendre au Lac Louise le lendemain. Mais bon, ça fait 35 jours que je me prépare pour ça!

7 commentaires:

  1. Clément!!! ARRRGGHHHHH! Je pars en vacances pour 1 semaine aux USA. Donc, je vais manquer ta GRANDE finale! Ton arrivée triomphale à Calgary! Tu parles d'une affaire, je te suis passionnément dans tes démarches depuis le début et je manque la fin.

    Garde le moral au plus haut durant les montées! Prends cela relax...il ne faut pas oublié que ce sont des vacances. Comme tu l'as dit, ça fait 35 jours que tu te prépares pour les Rocheuses, donc Bonne chance! Et je te relis à mon retour!

    Ciao!

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  2. I love sticks too. :)

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  3. Ouahahah!!
    E wans to eat the sticks wit some kitchoup, too!

    Bonne finale !!

    Joël

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  4. Quel projet pour demain (aujourd'hui). Tu dois être en train de ronfler au moment où je t'écris ça, après la montée que tu as sûrement réussie aujourd'hui.

    Je vais réellement m'ennuyer de ton blogue. Il faut que tu trouves un moyen ($) de faire ce genre de périples sur une base régulière. Valérie ne m'aimera p't'être pas beaucoup, mais bon. ;-)

    De penser que dans une semaine tu seras déjà arrivé! J'en reviens pas. Je ne pensais jamais que tu parcourrais une telle distance si vite.

    J'ai bien aimé la passe du stick! ;-)

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  5. J'ai réussi, je termine à l'instant la dernière entrée. Je suis presque déçue, car je m'étais habituée à en lire 5 ou 6 en ligne. En plus, comme Anne, je pars dimanche matin pour une semaine. Cuistot avec Carl et Gabrielle au camp scout de Mathieu. Oui, oui, tu as bien lu. J'espère trouver une façon de régler le problème et de me trouver un accès Internet pour ne pas manquer ta finale.

    Les sticks, c'était drôle, mais j'ai vraiment ri quand tu as parlé de manipuler l'essieu. Il y a dix ans, tu l'aurais probablement fait, mais maintenant, tu es vraiment prudent. Tu vieillis cher frère, tu vieillis!

    Je vois qu'on a la même opinion des gens qui trouvent l'essence trop chère, qui ne sont pas foutu de fermer leur moteur et qui roule dans des gros véhicules pas d'allure. Oups! On a tu loué un Ford Expedition en voyage nous autres?

    Tu n'as pas blogué hier, alors on devrait avoir droit à un doublé demain! Je serai au rendez-vous.

    Ah oui! Maintenant que je t'ai rattrapé, je ne sais pas si tu as vu les commentaires que j'ai fait depuis le début de ma lecture. Alors, si tu ne les as pas lu et que tu as du temps à tuer, tu peux retourner lire les commentaires sur tes entrées depuis le début... Mieux vaut tard que jamais!

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  6. Je viens de regarder ça et il y a une heure, il te restait 240km jusqu'à Calgary. On peut dire que tu approches le fil d'arrivée.

    Go! Go! Go!

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  7. Je me joint aux autres pour te dire que, oui, en effet, ça a passé vraiment trop vite! C'est très intéressant de lire, ça va nous manquer :( Te rends tu compte de la place importante que tu as prise dans notre vie grâce à ce blogue ?! :P

    Aussi, comme Geneviève, j'ai laissé des commentaires tardifs sur tes autres blogues étant donné que j'ai commencé en retard, alors tu peux retourner en arrière pour nous lire tout les deux :)

    Lâche pas et je devrais être là pour lire (avec tristesse et joie) ta grande finale.

    La nièce ;)

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