dimanche 31 juillet 2011

Journal de bord. 28 et 29 juillet

Jour 36. Jasper - Rampart Creek
145 km. 1227 m de gain d'élévation.

Jour 37. Rampart Creek - Lac Louise
126 km. 1342 m de gain d'élévation




Départ de Jasper de la maison de chambre assez tôt après une petite bouchée. J'ai l'intention d'arrêter à un site près des chutes Athabaska pour un vrai déjeuner. À partir de Jasper, la route longe d'ailleurs la rivière Athabaska vers sa source en aval (c'est-à-dire le glacier du meme nom). En roulant, je fais un petit calcul mental et je réalise qu'il ne me reste sans doute que 4 jours avant d'arriver à Calgary!
Arrivé à la chute, je me souviens tout d'un coup quelle est l'espèce exotique la plus courante dans les rocheuses. Non, ce n'est pas l'ours, ni le wapiti ou la chèvre de montagne. Ce sont plutôt les touristes japonais, qui se déplacent en troupeau de 50. La mâle est facilement reconnaissable à son appareil photo dernier cri de 5000$ en mode automatique tandis que la femelle arbore une espèce de protubérance en forme de visière qui dépasse de 50 cm vers l'avant. Je me retrouve à nouveau le sujet de plusieurs photos, le cyclo-touriste étant apparemment une espèce rare au Japon.




Après un vrai petit déjeuner sur une table éloignée du zoo, je repars l'ascension tranquillement. Je commence aussi à rencontrer, en sens inverse, des cyclistes qui voyagent sans aucun bagages. Un peu plus loin, je croise leur camionnette de support qui passe la journée à suivre le groupe de cycliste pour leur fournir du soutien, comme de l'eau, de la nourriture et des réparations au besoin. La camionnette transporte aussi les bagages d'un hôtel à l'autre. J'aurais du penser à ça il y a quarante jours...




Plus loin, je rattrape un petit groupe de 3 vélos qui voyagent chargés. On prend tous une pause en haut d'une pente et on fait connaissance. Une famille de français qui sont partis d'Edmonton et vont jusqu'à Buenos Aires. Moins extrême que l'Alaska à la terre de feu mais très respectable quand même, surtout considérant le groupe: Papa est sur une vélo tandem (les modèles européen où le "passager" est assis en avant du cockpit, on en voit parfois ici avec une personne handicapée assise à l'avant) avec sa plus jeune fille à l'avant. Maman est sur l'autre tandem avec le fils assis à l'avant. La fille ainée, qui n'a pas plus de 9 ou 10 ans, est sur son propre vélo, avec sacoches et tout. J'ai pris une photo du convoi, mais avec l'autre appareil. À voir bientôt. En tout cas, quelle famille et quel projet! 16 mois sur la route en famille.




Je poursuit ma route et j'arrive à un plateau d'une dizaine de kilomètres avant d'affronter la montée finale du col, qui me mènera jusqu'au glacier Athabasca. Le vent glacial descend de la montagne en rafales et je parcours l'étendue du plateau à 12-15 km/h. J'arrive enfin à la montée finale. 400 m d'ascension en quelques kilomètres. La pente varie entre 8 et 12%, sans aucune relâche.



Et là, pour la première fois depuis Anchorage, je suis battu par une ascension et je dois mettre le pied à terre pour reprendre mon souffle. 2 autre fois pendant cette montée, je devrai prendre une pause. Jusqu'à maintenant, chaque fois que je grimpais, je me faisais un point d'honneur de ne jamais prendre de pause avant d'arriver au sommet. Mais celle-là a raison de moi.




J'arrive enfin au sommet, où il me reste encore 6 km avant d'atteindre le glacier. Le vent glacial transporte maintenant de la pluie froide et ma progression est pathétique. Mais j'arrive enfin au glacier et je m'arrête au centre d'accueil pour une pause. Je constate que le glacier a encore reculé depuis la fois où je l'ai vu il y a une dizaine d'années. Je rencontre une de ces cyclistes sans bagages et elle m'explique comment fonctionne l'agence. Elle me dit que ce soir, elle et son groupe dorment à l'hôtel du glacier. Je savais même pas qu'il y avait un hôtel à cet endroit. Par curiosité, je vais à la réception et je me renseigne sur le prix d'une chambre. La préposée me répond que c'est 250$ en basse saison, mais en ce moment, c'est 350$. Elle me jette ensuite un regard dédaigneux et ajoute: "De toute façon, l'hôtel est plein ce soir". Charmant. J'affronte aussi des hordes de touristes japonais. Je suis bien content d'y être déjà allé dans le passé, je ne me serais pas senti le courage d'aller me promener en autobus avec ce troupeau.




Mon projet initial était de m'arrêter au sommet du col où se trouve un terrain de camping, mais le temps est tellement hostile que je décide d'ajouter 40 km pour descendre en bas du col où se trouve un autre camping. Au moins, même s'il y pleut, il va faire moins froid.



Rendu au camping, je rencontre Chris, un travailleur humanitaire de Fredericton qui prend une vacance avec sa conjointe entre deux missions. Il a pitié de moi et m'offre sa dernière bière et plus tard, un demi melon, un luxe rare en vélo. Après souper, je vais porter ma bouffe dans les casiers à l'épreuve des ours fournis par le camping et je rencontre un groupe de trois cyclistes qui voyagent vers le nord et qui se sont rencontrés la veille. Allan vient de Californie et se dirige vers Vancouver, Susan est néerlandaise et est partie de Calgary pour aller vers Edmonton et Sara vient de Portland en Oregon et n'est pas tout à fait certaine de où elle va. Bref, un groupe hétéroclite qui sont bien impressionnés qu'un "vieux" comme moi (ils sont tous dans la vingtaine) ait roulé depuis l'Alaska. On passe finalement le reste de la soirée sous leur abri cuisine (il pleut toujours) et quand je retourne à mon coin qui est plutôt désert, je décide de monter ma tente dans l'abri-cuisine. Au moins, je serai un peu au sec. Durant la nuit, je suis certain d'entendre un glissement de terrain venant de la montagne voisine. Assez bizarre.

Le lendemain matin, je décide de retourner rejoindre les 3 cyclistes et on déjeune ensemble. Je repars ensuite dans ma direction, toujours sous la pluie. Les sommets les plus élevés sont couverts d'ume neige fraiche, ce qui confirme mon impression que j'avais eu au sommet du col la veille.








J'arrête à un resto prendre un deuxième déjeuner (j'ai le droit, bon) et je rencontre Rich, de l'état de Washington. Dans la soixantaine, il a commandé un vélo de cyclo-tourisme et prévoit un voyage pour l'an prochain. Il a mille questions pour moi. Au bout de 20 minutes de questions, je lui offre mon courriel qu'il accepte avec empressement.




Le reste de la journée, je franchis un deuxième col, le sommet Bow. Même hauteur que le col précédent, mais cette fois, je le grimpe sans problème. En chemin, j'ai une pensée en me disant que c'est ma dernière grosse ascension du voyage.



Je descend vers Bow Lake et poursuit ma route vers Lac Louise.












Quand je me présente au terrain de camping, je vois la pancarte "complet", mais on m'avait déjà dit que les terrains gardent parfois quelques emplacements en réserve pour les cyclistes. Je fais donc la file derrière les motorisés et quand j'arrive à la guérite, on me dit que non, le terrain est complet. On m'explique qu'il y a un autre terrain à 15 km au sud de Lac Louise. Bon, comme il pleut toujours, je décide d'aller prendre un café au village et avant de reprendre la route, je me rend au kiosque de Parcs Canada. Je jase avec un employé et il me demande si je suis au camping du Lac Louise. Je lui dit non et lui explique. Instantanément, il se choque noir et prend le téléphone pour parler au superviseur du camping. Deux minutes après, il me dit: "présentez-vous au camping, ils ont un emplacement pour vous". Quand j'arrive au camping, encore une file de motorisés, sauf que cette fois, un employé sort de la guérite pour m'inviter à passer devant la file en me donnant du "Mister" long comme le bras. Bref, je ne sais pas c'était qui cet employé au centre d'information, mais il a du poids, c'est évident!

Je m'installe et pas longtemps après, un couple de cyclistes allemands me demandent si je suis prêt à partager mon site. Pas de problèmes et ils s'installent. Comme il n'est que 17h30 et que la pluie a enfin cessée, je décide d'ajouter une petite promenade au Lac Moraine, 15 km dont 11 en montant, mais comme j'ai laissé mes bagages au camping, la montée est super agréable. Je monte en 55 minutes et je redescend en 25!




Quand je revient à mon site, les allemands dorment déjà. Je soupe et je vais aussi me coucher. Au moins je sais qu'il n'y aura pas d'ours ce soir, les ronflements de l'allemand feraient peur à un chameau!

Demain samedi, je descend vers Banff et dimanche, dernière journée de route pour arriver à Calgary en fin de journée.

2 commentaires:

  1. Wow! Quelles péripéties...
    Merci de les avoir partagées !

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  2. You might of course disagree with me on various points of detail, but in gener our ideas must have something in common.

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