dimanche 10 juillet 2011

Journal de bord, 9 juillet

Jour 17. Whitehorse - Squanga Lake
108km. 538m de gain d'élévation

Rien de bien spécial à rapporter pour hier, jour 16. J'ai fait très exactement 0 km de vélo. Ça a fait du bien, je commençais à avoir mal au dos depuis quelques jours. Malheureusement, j'ai pas réussi à me planifier un rendez-vous pour un massage. Un peu dernière minute et j'étais quand même difficile à rejoindre. Telus gagnera pas de médaille d'excellence par ici. "Can you hear me now? Non, simonac".
J'ai déjeuné hier matin chez Tim Hortons, j'avais le goût d'un Tim-matin. Ensuite, magasin de plein air pour faire le plein de bouffe déshydratée et ensuite au bureau de poste pour m'envoyer un paquet de nourriture en poste restante à Dease Lake, que je devrais traverser dans environ une semaine. J'espère juste que je passerai par là un jour de semaine. Sinon, ça peut faire une fin de semaine plate à attendre que le bureau de poste ouvre.
L'autre paquet que j'ai posté vers la maison contenait des vêtements et du matériel d'extra. Si ça fait 15 jours que je le traine, que je ne m'en suis pas servi et que c'est pas du matériel d'urgence, ça retourne à la maison. Je me suis ainsi délesté de 4.5kg, non négligeable quand on monte une bonne pente.

Le reste de la journée, j'ai pris de grandes marches autour de la ville, longeant entre autres le S.S. Klondike, un bateau qui faisait la navette entre Whitehorse et Dawson City avant la construction de la route.




J'ai même trouvé quelqu'un pour prendre ma photo avec mon iPhone.









Évidemment, j'avais pas mon vélo, les gens vont finir par croire qu'on voyage pas ensemble. Il faisait hier un temps superbe et ensoleillé. Je me suis payé un bon souper au resto et je me suis couché tôt, en préparant mon équipement pour aujourd'hui.

Ce matin, le ciel est gris et après avoir quitté la ville, je fais un petit arrêt au terrain de camping à l'extérieur de la ville où je me doute que je trouverai mes deux français. Comme de fait, ils y sont et ils grognent contre le prix prohibitif du camping. De mon côté, je reste évasif sur l'endroit où j'ai resté au cours des derniers jours. Je risquerais de m'échapper sur le jacuzzi.

Je prend donc la route et pas très loin, je rencontre mon premier cycliste de la journée. Il arrive de la côte de la Colombie-Britannique par traversier à Skagway et a l'intention de se rendre à Prudhoe Bay par le Dalton Highway. Ca semble une obsession de faire cette route à vélo. Pourtant, 500km de route de gravier hostile, aucun approvisionnement en chemin, des camionneurs pressés, c'est pas très tentant à mes yeux. En plus, la rumeur court que rendu à 20km de la côte de l'océan Arctique, la route est bloquée aux touristes, pour protéger les installations stratégiques de transfert de pétrole vers le fameux Alaska pipeline. Donc, après avoir parcouru toute cette route, très difficile de se rendre au nord de l'océan. Ça doit être frustrant.
Je roule un peu plus et soudainement, la pluie débute. Jusqu'à maintenant, la pluie a presque toujours débutée en après-midi, une fois que la journée se soit réchauffée un peu. Sauf que cette fois, il fait encore moins de 5 degrés lorsque la pluie débute. Je m'habille en conséquence, mais malgré tout, je n'arrive pas à me réchauffer. Au bout de 10km, je me met à grelotter tout en pédalant. Hmmm, pas le temps de faire de l'hypothermie. Problème, il n'y a aucun service sur la route, dépanneur, restaurant ou station service. Même pas un chalet avec une galerie pour me couvrir. Finalement, une halte routière avec comme seules installations des toilettes sèches. C'est donc là que je m'abrite (c'est pas mal glamour mon affaire) pendant que je me réchauffe un peu et fouille dans mes sacs pour mettre toutes les couches de vêtement que je peux trouver. Finalement, vêtu de deux couches de sous-vetements superposées, je reprend la route. Je parviens à me garder à peu près au chaud, mais les 30 km suivants sont pénibles. Quand une camionnette s'arrête sur l'accotement pour m'offrir de m'amener au prochain village, j'ai un sérieux moment d'hésitation. Sauf que je sais que si je baisse les bras suite à cette épreuve, ce sera trop facile après d'utiliser cette excuse pour un abandon. Tant pis, je remercie le conducteur de sa gentillesse avec un grand sourire et je reprend la route. J'arrive finalement à un lac aménagé et je trouve un abri avec quelques tables de pic-nic. J'enlève mes vêtements mouillés (au moins mon anorak a gardé mon torse et mes bras au sec) et je me fais bouillir de l'eau. Des nouilles ramen, du fromage et du beurre d'arachide me réchauffent et me rassasient. Pendant que je suis arrêté, la pluie cesse enfin et je repars dans de meilleures conditions. Quelques minutes plus tard, je rencontre mon 2e cycliste de la journée, qui semble avoir le moral dans le même état que le mien. On jase un peu et je lui explique où est situé l'abri où j'ai mangé. On peste un peu contre le trafic du samedi, qui est plus dense et moins discipliné que les jours de semaine et on se quitte.
Bien que le ciel reste ennuagé, il ne pleuvra pas du reste de la journée. Je rencontre un peu plus tard un couple de cyclistes de la Suisse, qui ont un itinéraire en tire-bouchon, avec des vols et des trajets en train insérés ici et là et qui les amènera à Vancouver, Jasper, Toronto et Lansing au Michigan. Lansing, vraiment?
Arrivé à Jake's Corner, je vois un restaurant dont m'a parlé un des cyclistes. Il m'a très fortement suggéré de prendre une brioche. Comme j'entre, la serveuse vient de sortir du four une plaque avec une fournée toute chaude de brioches géantes. Vraiment géantes. J'ai une pensée où je me dit que je vais me couper l'appétit pour le souper. Yeah right. Je mange comme un défoncé depuis mon départ et j'ai toujours faim. Pas de problème. La brioche est effectivement délicieuse.

En sortant du resto, repus, revigoré, réchauffé et motivé, je me prépare à faire les 25km qui me restent pour atteindre ma destination quand un mec m'aborde et me demande: "You're French Canadian right? Can I ask you a few questions?" Ah merde, quoi encore. Ben oui, on a voté NPD, revenez-en. Pantoute. Il m'annonce qu'il s'appelle Choquette, que son ancêtre est québécois et il veux absolument me parler de son ancêtre. Il me sort des papiers tirés de Wikipedia et il insiste pour que je les lise. Vous irez sur wikipedia lire à propos de Buck Choquette, vous allez voir c'est fascinant (zzzzzz). Et là, il veut savoir s'il y a encore des Choquette au Québec. Maudite marde, il est capable d'aller sur wikipedia, il connait pas canada411 aussi des fois? Bref, la tache se répand sur moi pendant un gros 30 minutes et je réussi finalement à m'excuser. Pourquoi moi? Je suis trop poli.

Bon finalement, embarque sur le vélo et je me rend au camping de Squanga Lake que d'autres cyclistes m'avaient recommandé. Je me trouve un bel emplacement sur le bord du lac et je prend le contrôle de l'abri cuisine, dans lequel je me fait un gros feu. Il y a un gros poêle de type truie et le bois est gratuit. Au moins, s'il pleut demain matin, je pourrai déjeuner au sec.

4 commentaires:

  1. Hilarant! L'image de toi dans ta bécosse sèche (glamour) et de ton visage en train d'écouter le M. Choquette m'a fait éclater de rire (je sais, ce n'est pas difficile, mais quand même). Et ta façon de décrire les choses et les situations... fascinant!
    Je ne sais pas si j'aurais eu ta force de caractère pour résister à la ride en camionnette..., mais je sais que j'aurais certainement succombé à la brioche. ;-)

    RépondreEffacer
  2. Salut Clément,

    J'ai enfin trouvé le temps de lire une par une tes aventures à vélo. L'accès à Internet a été très difficile pendant mes vacances et je n'ai pu lire qu'en diagonale certains passages de ton blogue. Je connaissais tes talents de conteur, mais pour ce qui est de l'écriture, je suis très épatée. Bravo! J'ai beaucoup ri, et souvent aux larmes, à la lecture de tes anecdotes. J'arrive très bien à t'imaginer écoutant péniblement le discours du monsieur Choquette en question, ou encore devant le Japonais qui attend sous un arbre que la pluie passe... Je suis contente de voir que ton moral et tes jambes tiennent le coup. Lâche pas, je suis très fière de toi. Pour ma part, question d'assiduité, faut maintenant que je rattrape Anne, qui semble être ta fan no 1! ;-) Bravo encore et fais attention à toi. Je t'aime. Valérie xxx

    RépondreEffacer
  3. C'est sûr que je suis sa fan no.1. Ça me fascine les gens qui ont des plans de fou... Oups! je voulais dire des idées de grandeur... Oups! une passion comme cela que je voulais écrire! :) Il faut vraiment être extrêmement discipliné et avoir un mental super fort. Une ride de camionnette dans des conditions difficiles, c'était toute une tentation et il a dit "Non Merci!". Il est fort ton Clément! Super fort! Continue comme cela!

    RépondreEffacer
  4. La camionnette, c'était vraiment tentant. Je n'aurais pas eu ta détermination.

    Je ne suis pas aussi polie non plus... Par 2 fois, nous nous sommes fait abordés par des vieux monsieurs tout fier d'avoir des origines franco-quelque chose (son grand-père ou était-ce son arrière grand-père, ah non! c'était l'arrière-arrière... et ils sont venus dans 5 voitures? Oups, je m'égare...). Je me suis soudain intéressée aux besoins des enfants pendant que Carl se tapait l'écoute du vieux monsieur. Merci Carl.

    Ah! Et les bécosses... T'as pas pris de photo? Mais la brioche par contre...

    Enfin, un commentaire de Valérie... Je me disais que vous aviez peut-être un petit blogue privé... Bon retour de voyage Valérie!

    RépondreEffacer