mardi 19 juillet 2011

Journal de bord, 16 et 17 juillet



Jour 24, de Iskut à Bell 2
155 km. 1374m de gain d'élévation


Jour 25, de Bell 2 à Stewart
155 km. 1232m de gain d'élévation










Je prend une journée de congé aujourd'hui (le 18 juillet). Je suis arrivé hier en fin de journée à Stewart, une minuscule ville au bout d'un fjord. Je vais en profiter pour me rattraper dans le blogue, faire du lavage, me reposer et faire du tourisme "normal". Je me suis installé au Ripley Creek Inn, un super bel hôtel sur le bord de la mer où les chambres sont reparties dans 5 vieux bâtiments rescapés de la ruée vers l'or, à l'époque où la ville comptait plus de 5000 habitants, alors quelle n'en compte plus que 430 maintenant.
Parmi mes projets touristiques pour la journée, je vais me rendre au village voisin de Hyder, qui est situé en Alaska. En effet, l'Alaska comprend une grande bande qui descend le long de la côte de la Colombie-Britannique. En anglais, ils appellent ça un "panhandle", un manche de poêlon. À Hyder, il y a une rivière à saumon et on peut y voir des grizzlis en train de se bourrer la face, comme on voit à Découvertes. On me dit que le saumon n'a pas encore commencé a remonter les rivières, on l'attend d'un jour l'autre. Je vais aller tenter ma chance.
Autre projet pour aujourd'hui, l'hôtel a un ordinateur public qui semble facile à trafiquer, je vais en profiter pour télécharger des photos à partir de mon autre appareil photo.
Pont en grillage à 100 m au dessus d'une rivière. Gulp...

Résumé des deux dernières journées de route.

Les deux journées précédentes, j'ai surtout roulé. 310 km en deux jours en terrain montagneux. Beaucoup de côtes et 8 heures par jour en selle. Raison de plus pour prendre une journée de congé.

Il a plu le matin de la première journée, mais la température a été excellente le reste du temps, à l'exception du vent hier après-midi. Comme je l'ai mentionné, la ville de Stewart est située au bout d'un long Fjord et pour s'y rendre, on doit quitter le Cassiar Highway et suivre une route de 65 km qui y mène. Évidemment, la route part des montagnes et doit descendre au niveau de la mer. La route se termine par une longue pente descendante d'une vingtaine de kilomètres, que je vais hélas devoir remonter pour revenir à la route principale. Mon plaisir à été gâché hier par un fort vent qui remontait du fjord et s'engouffrait entre les deux chaînes de montagnes. Le vent soufflait à 25-30 km/h avec des rafales à 40 km/h. J'ai même failli être renversé par une bourrasque. Bref, c'est pas drôle de forcer en descendant une côte; j'espère juste que le vent va souffler aussi fort demain matin pour m'aider à remonter.

Quand j'ai commencé à rouler avant hier, le ciel était gris, il pleuvait, les paysages étaient mornes et les quelques montagnes étaient couvertes de brouillard. J'ai eu un coup de spleen. qui a duré quelques heures. Je me disait que c'était donc plate la Colombie-Britannique. Mais finalement, quand le ciel s'est dégagé, je me suis souvenu pourquoi j'étais venu rouler ici!

J'ai rencontré à nouveau Donny et Sarah, qui, la veille, avaient poussé un peu plus loin que moi. On a encore jasé une grosse demi-heure sur le bord de la route. Après avoir lu leur blogue, j'ai réalisé qu'ils avaient vécu beaucoup d'expériences similaires aux miennes et rencontré les mêmes personnes, dont entre autres le clone de Moïse Thériault, qui leur a d'ailleurs laissé la même impression. Parmi les questions en commun, il nous a demandé "Do you think I can get a grilled cheese in Mexico?". Oui, ça s'appelle un quesadilla sans poulet.

Au fur et à mesure que je descend vers le sud, je remarque plusieurs choses. Le changement le plus appréciable est l'évolution de la végétation. En Alaska, j'ai traversé des forêts d'épinettes noires et aussi, des grands pans de toundra dénudée, surtout sur le Denali Highway. Au Yukon, encore la taïga avec des océans d'épinettes noires. Ceux qui ont déjà pris la route 138 au delà de Baie-Comeau savent de quoi je parle. Depuis que je suis entré en Colombie Britannique, les forêts contiennent de plus en plus de feuillus. Au début, c'était surtout des trembles, mais je vois aussi des bouleaux depuis quelques jours. J'ai traversé aussi de grandes forêts de sapins Douglas, qui feraient certainement saliver Guy Chevrette.
Autre changement, depuis que je file plein sud, les journées raccourcissent de 20 minutes à chaque jour. Alors qu'à Fairbanks, le jour durait 22 heures, ici il dure 17 heures. Ça veut aussi dire qu'il fait noir la nuit!
Dernier changement notable: de l'asphalte! Depuis deux jours la route est pavée avec de l'asphalte plutôt que du macadam. Le macadam, qu'ils appellent du "chipseal" ici, est fait en vaporisant du bitume chaud sur la surface de base et en recouvrant le bitume d'une couche de gravier fin. C'est souvent la seule solution quand il n'y a pas d'usine d'asphalte à proximité. Le résultat est une surface assez inégale qui cause beaucoup de vibrations et qui ralentit un peu le vélo. Depuis deux jours, je roule de plus en plus sur des surfaces asphaltées belles et lisses. J'ai même augmenté la pression dans mes pneus pour diminuer la résistance au roulement (j'avais baissé la pression pour affronter les mauvaises routes). Ça prend pas grand chose des fois pour faire plaisir à un cycliste.

En plus de Donny et Sarah, j'ai rencontré deux autres cyclistes. Dans un premier temps, j'ai rencontré Klaus, un allemand de Cologne qui roule sur un vélo hollandais en acier vieux de 30 ans qui pèse 20kg tout nu! En plus, il traîne un chariot plein. Le lendemain, j'ai rencontré Julian, de l'Angleterre. Quand j'ai demandé à Julian ce qu'il faisait dans la vie, il m'a répondu: "I do this"! Il est sur la route depuis plusieurs années et n'a pas eu un pied à terre depuis au moins 10 ans. Assez zen.

J'ai aussi rencontré un couple de Camrose en Alberta (mais pas en vélo). Eux arrivaient d'un petite communauté nommée Telegraph Creek et avaient acheté du saumon séché des autochtones locaux. J'ai eu droit à un morceau. Un espèce de jerky, mais fait avec du poisson. Délicieux!

Evénement notable: je suis arrivé à un endroit où un camion s'était renversé dans le fossé quelques heures plus tôt. J'ai aussitôt eu une pensée pour mon fantasme de la veille, dans lequel une carcasse boucanait dans un fossé. Heureusement que je ne crois pas au karma, je me serais senti coupable!!!

Ce qui m'a fasciné, c'est qu'au moment où je suis passé, ils n'étaient pas en train de s'occuper ni du camion, ni même des chauffeurs, mais plutôt de la cargaison, qui consistait en des sacs contenant une sorte de minerai. Il y avait même un garde de sécurité pour surveiller les sacs. Quand j'ai demandé au garde ce que les sacs contenaient, il a hésité un moment et m'a répondu: du charbon... Ouais, mettons que c'était du charbon.
On voit d'ailleurs que l'industrie des mines est très importante ici. Quand l'or est rendu à 1600$ l'once, rien n'est trop beau. Je rencontre des équipes d'exploration dont le seul mandat est de faire des forages dans la forêt pour savoir si ça vaudrait la peine de creuser un mine. Ce sont des équipes de 15-20 personnes, ils sont toujours équipés des plus gros camions les plus neufs et ils ont souvent un ou deux hélicoptères à leur disposition 24 heures par jour. J'ai su que ça coûtait 33$/minute pour opérer un hélicoptère (oui, oui, j'ai bien dit par minute). Et tout ça pour explorer, même pas pour exploiter!

Autre truc intéressant depuis quelques jours: C'est le festival des ours. J'en vois beaucoup plus sur le bord de la route. Heureusement, ce sont surtout des ours noirs. Typiquement, on se voit mutuellement à la dernière minute, on sursaute tous les deux et on continue notre chemin comme de rien. Par contre, il arrive quelques fois que l'ours est en plein milieu de la route et qu'il ne veut pas bouger. J'ai beau faire du bruit, chanter, rien n'y fait. Dans ces moments, je dois attendre que l'ours se tanne ou qu'un véhicule arrive. J'ai même réussi à prendre une photo avec mon iPhone:
Ours noir (les grizzlis ont une bosse au dessus des épaules)
Autres belles photos de paysages:




En fin de journée hier, j'ai pris le tournant vers Stewart. Comme je l'ai déjà mentionné, j'ai eu un bon vent de face, mais au moins, ça en valait la peine. À un certain moment, la route longe une série de montagnes d'où coulent une multitude de glaciers, tous connectés au même champ de glace. À un endroit, la seule chose chose qui sépare la route du "Bear Glacier" est un lac.



Le Bear Glacier



À cet endroit, il y a une pancarte sur le bord de la route qui dit "Avalanche Risk (year round)"

Centre-ville de Stewart, BC

Note: J'ai eu plusieurs problèmes avec ce billet. Je l'ai commencé sur mon iPhone, mais comme l'hôtel a un ordinateur, j'ai décidé de le poursuivre sur l'ordi en question. Malheureusement, un panne d'électricité a affecté la ville en plein milieu de ma rédaction et j'ai du en recommencer la moitié ce matin. La chronologie va probablement en souffrir un peu.

J'avais aussi prévu mettre en ligne des photos prises avec mon vrai appareil photo, mais encore, la panne d'électricité m'a joué un tour. Donc, à suivre.

Finalement, je met ce billet en ligne le matin du 19. Au programme ce matin, je remonte la grande côte vers le Cassiar Highway. Il pleut des cordes ce matin, ça va être chouette comme retour en selle.



7 commentaires:

  1. Superbes photos, et bien contente que tu sois en vie.

    Pour ton histoire de chronologie de blogues, j'ai ouvert ta page il y a 1/2 heure, et je n'avais pas ce blogue-ci à l'écran, mais j'avais le blogue intitulé "Photos!!!" (très belles en passant). Je t'ai laissé un commentaire, et quand je suis revenu à la page principale, plus de blogue "Photos!!!", mais ce blogue-ci. Je me compte donc chanceuse d'avoir vu toutes tes photos.

    Lâche pas les pédales!

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  2. Continues de nous faire tes récits! Bien que je n'ai pas toujours le temps te laisser un commentIre (la diffusion du TdF me tient occupé le soir ;-) ) je lis tous tes entrées de blog...
    Superbes photos, et j'aime tes anecdotes!
    Rob

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  3. Magnifiques, les photos

    Samedi: Grande étape des Pyrénées, pétard mouillé. Tout le monde se regarde tout le long, y compris au Plateau de Beille. Ça s'attaque un peu à la fin, mais sans grands résultats. Vanendert gagne, tous les favoris rentrent ensemble (Andy prend un gros 2 secondes aux autres). Même Voeckler reste avec eux, il garde le jaune.

    Dimanche: Étape de plaine. Cavendish.

    Lundi: Repos

    Mardi: Étape de pré-montagne. Une des meilleures étapes depuis longtemps. Échappée à une dizaine de coureurs, dont Hesjedal. Col de 2ème catégorie à 10km de l'arrivée; Hesjedal se détache dans la montée. Il sera repris dans la descente par son équipier Hushovd et Boasson Hagen. Étant trop cuit pour contrer, il emmène le sprint de façon parfaite pour Hushovd. À l'arrière, Contador attaque et ça fait des dommages. Seul Evans et Samuel Sanchez suivent (même qu'Evans prendra un peu de temps à Contador dans la descente). Les frères Schleck aiment pas les descentes sous la pluie (par contre toi tu dois devenir un expert de ça), Frank perd 20 secondes et Andy plus d'une minute. À la veille des Alpes, Voeckler en jaune, Evans à 1:45, Frank à 1:49, Andy à 3:03, Sanchez à 3:26, Contador à 3:42 et Basso à 3:49. Demain autre étape pour échappées. Et il y a des prévisions de neige (!!!) possible sur le Galibier jeudi / vendredi...

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  4. Eh bin, enfin la photo d'un ours, Isabelle va être contente. Ouin je crois que tu mérite ta journée de congé.

    Bonne chance, encore une étape de franchie...Welcome to BC!

    Philippe

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  5. Continu! j'ai beaucoup de plaisir à lire ton blogue et a admirer tes photos. Jean A.

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  6. Super belles photos! :)

    Je dois arrêter de te lire, parce que c'est pas bon pour mes yeux :/ J'ai passé une très grosse partie de l'après-midi à te lire (toujours intéressant), lecture interrompue par mes tâches. J'ai tout fini ce qu'on m'avait demandé, donc je n'aurai pas à te blâmer :P

    Lâche pas! :D

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  7. Ouf!

    Toute une distance en 2 jours, en plus de l'élévation. Montréal-Québec, c'est de la petite bièrè.

    Photos magnifiques.

    Attention de ne pas devenir trop relax avec les ours... Ce sont de gros nounours imprévisibles.

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